Afrique: L'arrêt non justifié de l'«Alpha Bravery» près de Madagascar interpelle

L’affaire du vraquier battant pavillon grec, l’Alpha Bravery, prend une tournure de plus en plus troublante. Intercepté en haute mer le 8 novembre, il transportait 433,10 kg de cocaïne, soigneusement dissimulée dans sa salle des machines – une zone pourtant parmi les plus surveillées d’un bâtiment maritime.

Les enquêteurs s’intéressent désormais à un épisode clé : une mystérieuse escale de deux heures près des côtes malgaches, le 5 novembre. Comment une cargaison aussi volumineuse a-t-elle pu arriver à bord sans que personne ne s’en aperçoive ? Ignorance réelle, complicité dissimulée ou mensonge coordonné ? L’enquête tente encore de démêler le vrai du faux.

L’Alpha Bravery, se trouvant au sud-est de Madagascar, reste au cœur des interrogations. Le vraquier, en route vers Singapour, se serait immobilisé pendant environ deux heures, un arrêt non justifié dans le plan de navigation. Ni les autorités maritimes mauriciennes ni les autorités malgaches n’ont, à ce jour, publié de rapport conjoint détaillant les circonstances de cette halte.


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À bord, l’équipage a affirmé d’une seule voix n’avoir aucune connaissance des drogues retrouvées plus tard. Une version qui, malgré sa cohérence apparente, soulève de nombreuses questions. Car la salle des machines n’est pas un espace que l’on traverse au hasard : c’est un environnement hautement contrôlé, et régi par des procédures strictes et des règles de sécurité impossibles à ignorer.

En effet, l’accès à cette salle s’effectue uniquement par des voies désignées – échelles, companionways ou escape trunks -, toutes inscrites dans le Système de gestion de la sécurité (SGS) du navire. Dans un bâtiment fonctionnant en mode Unattended Machinery Spaces, chaque entrée doit être signalée à la passerelle. Et la procédure est impérative : un contrôle toutes les 15 minutes ou l’activation d’un système d’alarme automatique permettant de tracer chaque mouvement. Les portes hermétiques – notamment les deux accès au niveau du theatre gate – sont conçues pour empêcher tout passage discret.

Dans ces conditions, comment expliquer que 433,10 kg de cocaïne aient été glissés dans un endroit si surveillé ? Pour les enquêteurs, deux hypothèses dominent : une complicité interne, impliquant un ou plusieurs membres ayant bénéficié d’un accès légitime, ou un mensonge collectif, destiné à masquer ce qui s’est passé lors de l’arrêt près de Madagascar.

C’est lors d’un exercice de maintenance que la vérité a commencé à émerger. Alors que des ingénieurs procédaient à une inspection des tuyaux d’alimentation énergétique, après des problèmes techniques signalés plus tôt, un mécanicien a découvert plusieurs sacs en raphia dissimulés derrière un ensemble de conduites. Il a immédiatement alerté le capitaine dans la nuit du 8 novembre.

Face au capitaine, l’évidence s’est imposée : la drogue n’avait pas été chargée par miracle. Elle avait été introduite par quelqu’un ayant accès à une zone interdite au public et aux passagers – c’est-à-dire un membre de l’équipage ou un intrus ayant été autorisé à bord durant l’escale malgache.

L’alarme a été envoyée à la base de Port-Louis. Les autorités mauriciennes sont rapidement intervenues en haute mer. Le navire a été sécurisé, les colis récupérés et l’ensemble de l’équipage escorté jusqu’à Maurice, le 9 novembre. Des analyses ADN et des expertises techniques ont été lancées, tandis que l’Anti Drug and Smuggling Unit tente de reconstituer les déplacements exacts à bord au moment de l’escale.

L’enquête se poursuit, mais une chose est certaine : sur l’Alpha Bravery, quelqu’un savait.

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