Afrique: Mort de Jimmy Cliff – C'était aussi notre frère burkinabè

Il y a quelques jours de cela, une photo a surgi sur la Toile. Elle a été prise en 1984 à l’hôtel Silmandé de Ouagadougou, selon l’auteur de la publication.

41 ans de cela donc. On comprend alors pourquoi, ceux qui l’ont largement partagée ou commentée sont des têtes grisonnantes (pour ceux qui ont encore un soupçon de toison sur le crâne), la cinquantaine, voire la soixantaine, bien sonnée.

Sur le cliché, on aperçoit, entre autres, les anciens journalistes Sita Tarbagdo de « Sidwaya » et feu Norbert Zongo de « L’Indépendant ». A leur suite, sur le prolongement du canapé, la cantatrice ivoirienne Aïcha Koné et Jimmy Cliff, torse nue, guitare en bandoulière. Ambiance bon enfant, à en juger par les larges sourires juvéniles.


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Publication prémonitoire ou simple coïncidence, comme le destin en a le secret ? En tout cas moins d’une semaine après cette apparition subite de l’image sur les réseaux sociaux, l’on apprenait le décès de la vedette de cet instant de vie : Jimmy Cliff venait de mourir ce lundi 24 novembre 2025 dans sa 81e année. L’une des légendes mondiales du reggae s’est éteinte, terrassée par une pneumonie, selon le communiqué de son épouse.

Reggae maker, James Chambers, de son nom à l’état civil, le fut depuis que dès l’âge de 14 ans il quitta son village pour la capitale jamaïcaine, Kingston. C’est l’entame d’une prodigieuse carrière musicale de près de cinq décennies. Ses chansons cultes, comme « Reggae night », « I can see clearly now », « Many rivers to cross » et « Hakuna Matata », ont conquis la planète entière.

Jimmy Cliff enchaîne les succès avec une facilité déconcertante et décroche en 1987, son premier Grammy Award du meilleur album de reggae.

Son exceptionnelle contribution au rayonnement de la musique jamaïcaine lui vaudra le titre d’ambassadeur culturel puis en 2010 il sera intronisé au « Rock and roll hall of Flame ».

Celui que la galaxie reggae pleure depuis hier laisse derrière lui un héritage discographique de plus d’une quarantaine d’albums.

A l’instar de beaucoup de célébrités sportives, politiques, musicales afro-descendantes, Jimmy Cliff est connu aussi pour son rapport particulier au continent noir.

En effet, selon plusieurs sources, il fut le tout premier reggaeman à se produire en Afrique. Ce fut en 1974 à Lagos, au mythique stade Surulere, en présence du chantre de l’afrobeat, le Nigérian Fela.

De cette première immersion dans le Berceau de l’humanité, celui qui sera le premier à recommander le jeune Bob Marley à un producteur en développera un amour quasi fusionnel.

Sénégal, où il s’est converti à l’islam et a pris le nom de Naïm Bachir, Gambie, Sierra Leone, Ghana, RDC, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud où il a chanté dans le township de Soweto, Maroc, Tunisie, et nous en passons, autant de pays du continent où l’icône du reggae a donné des concerts, certes pas par charité rastafari, mais aussi pour son engagement et son militantisme en faveur de l’émancipation des peuples noirs.

Rien d’étonnant donc, qu’en 1984, à l’occasion du premier anniversaire de la révolution démocratique et populaire, il séjourna à Ouagadougou.

De mémoire de Burkinabè, rarement le stade du 4-Août avait accueilli un tel monde.

Ce concert d’anthologie de Jimmy Cliff, nous le devons sans nul doute à sa proximité idéologique avec le président du CNR, le capitaine Thomas Sankara, qui a instruit feu Moustapha Laabli Thiombiano de faire venir l’auteur de « Reggae night » sur les rives du Kadiogo. Et ce fut une grande réussite dont se souviendront à jamais les quinquagénaires et les sexagénaires burkinabè pour lesquels le décès de Jimmy Cliff est en quelque sorte la mort de notre frère Jimmy.

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