Financement de la lutte contre le VIH: «La France est vraiment en-deçà des attentes», s’inquiète une association

Le Fonds mondial contre sida, tuberculose et paludisme a annoncé le 21 novembre avoir levé nettement moins de fonds qu’espéré, dans un contexte où les pays développés restreignent leur aide internationale. La France, elle, n’a fait vendredi aucune promesse de dons, alors qu’elle constitue le second contributeur derrière les États-Unis. Le Fonds a toutefois précisé que Paris s’était engagé à maintenir en l’état sa contribution (1,6 milliard de dollars en 2022). Mais la France ne sera « en position de confirmer cet engagement que le mois prochain », a détaillé le Fonds. L’association Sidaction, elle, s’inquiète malgré tout.

Publié le :

3 min Temps de lecture

En France, les acteurs luttant contre le VIH oscillent entre colère et perplexité. En effet, vendredi dernier, au 8e Sommet du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui réunit tous ses donateurs, la France s’est abstenue d’annoncer le montant de sa contribution pour les cinq prochaines années. Alors que Paris a été à l’initiative de ce Fonds et un contributeur majeur, le ministère français des Affaires étrangères a invoqué l’absence d’un budget voté à l’Assemblée nationale pour reporter la promesse de dons.

Une absence d’engagement que condamne Florence Thune, Directrice générale de l’association Sidaction. « Cette conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, sur lesquelles on espérait beaucoup effectivement au vu des enjeux à venir, nous déçoit énormément, nous met en colère même, puisqu’on a une situation où, à ce jour, il n’y a aucun engagement de la France, s’indigne-t-elle au micro de Frédéric Garat. C’est quand même assez stupéfiant puisque durant les deux dernières conférences, la France était présente au travers du président de la République. Et là, l’écart est grand entre cette absence du président, alors qu’il était en Afrique du Sud à ce moment-là [pour un Sommet du G20, NDLR] ».

« Une baisse absolument historique » ? 

Elle poursuit : « On espérait qu’au moins, il y ait une première annonce, un engagement à rester au même niveau que la dernière contribution. Ce qui nous inquiète, c’est que, d’après ce qu’on a comme information, ce serait beaucoup moins, puisqu’on avait environ 1,6 milliard et qu’on pourrait descendre de moitié, ce qui serait quand même une baisse absolument historique, alors que la France a toujours joué un rôle extrêmement important et justement historique en termes d’engagement dans la santé mondiale. »

Florence Thune conclut : « Et la France aujourd’hui est vraiment en-deçà des attentes et ne prend pas en compte l’impact qu’aura ce renoncement, à ce stade, en tout cas sur l’épidémie de VIH et sur la tuberculose et le paludisme, bien entendu. »

À lire aussiLe Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme lève 11 milliards de dollars

Le Fonds mondial fournit trois quarts du financement international contre la tuberculose et un tiers des moyens engagés mondialement contre le sida. Or, la somme annoncée vendredi est nettement inférieure aux 18 milliards que visait le Fonds, un organisme créé en 2002 et rassemblant des États comme des acteurs privés. Elle est aussi inférieure aux quelque 14 milliards réunis en 2022, le Fonds renouvelant ses financements tous les trois ans.

Les États-Unis, qui sous l’administration de Donald Trump ont démantelé l’agence américaine pour le développement international (Usaid), ont ainsi fortement réduit leur contribution au Fonds, à 4,2 milliards de dollars contre 6 milliards trois ans plus tôt. Ils restent néanmoins le premier contributeur.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close