Madagascar: la campagne d’exportation du litchi a démarré dans une ambiance particulière

Quantité et qualité semblent assurées et les prix d’achat flirtent avec les sommets. Pourtant, la présence d’enquêteurs du Bianco, le Bureau indépendant de lutte anticorruption à Tamatave, ville portuaire d’où partent les navires frigorifiques pour l’Europe, rappelle que la filière, déjà secouée par l’arrestation et l’incarcération à l’île Maurice de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, n’a pas encore livré tous ses secrets.

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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

Au port de Tamatave, le chargement du premier des trois navires en direction de l’Europe a débuté dans la nuit de jeudi au vendredi 21 novembre. Il devrait quitter le quai au plus tard lundi. Les orages, nombreux, perturbent toutefois quelque peu la logistique. Impossible de charger les palettes de litchis sous la pluie, les cartons d’emballages ne pouvant être mouillés, au risque d’abîmer le précieux fruit exotique.

Cette année, la nature a été généreuse : maturité optimale, calibre de 28 mm conforme aux contrats, et volumes supérieurs aux prévisions.

« Les 20 000 tonnes de litchis seront largement atteintes », se réjouit un exportateur.

Quant à son prix, il atteint des records, dépassant les 2 000 ariarys le kilo payé aux collecteurs ou aux producteurs, en cas de vente directe.

Ces indicateurs positifs n’effacent pourtant pas « le climat lugubre » qui entoure le début de la campagne, comme le confie un autre exportateur. La veille de l’ouverture, une station de traitement de litchis a été ravagée par un incendie dont l’origine reste toujours inconnue.

La présence d’enquêteurs du Bianco, venus examiner les flux financiers de la filière sur les dix dernières années, met les exportateurs sous pression. Contrats, relevés bancaires, documents comptables… chacun s’est vu remettre une longue liste de pièces à fournir.

Objectif : comprendre le rôle de la société écran LTC (Litchi Trading Company Ltd), basée à Maurice, dans laquelle Mamy Ravatomanga serait fortement impliqué et par laquelle s’effectuaient les transactions entre exportateurs et importateurs. Quels mécanismes d’évasion fiscale, de blanchiment ou de rétrocommissions ont été mis en place ? Qui a fait quoi ? Et où sont passées ces sommes faramineuses ?

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Dans la filière, l’heure des règlements de comptes semble venue.

« Que ceux qui ont joué paient le prix fort », dit l’un. « Tout le monde a dû collaborer avec Mamy », se défend un autre, « on n’avait pas le choix. »

Les exportateurs ont demandé un délai aux enquêteurs pour se concentrer sur la campagne.

« Il y a beaucoup d’argent en jeu, pour les paysans comme pour nous, beaucoup d’emplois aussi. Ces six jours sont extrêmement importants pour la côte est de Madagascar », souligne l’un d’eux.

La filière est plus que jamais sous le radar de la justice.

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