G20: le sommet s'achève sur un succès sud-africain qui cache mal un forum en crise

Le premier sommet du G20 sur le continent africain s’est achevé à Johannesburg ce dimanche 23 novembre. Pour l’hôte sud-africain, c’est un succès que de n’avoir pas vu ses objectifs être contrecarrés par le boycott américain, avec une déclaration commune dès l’ouverture. Mais certains dirigeants s’inquiètent de l’avenir du G20.
Publié le :
4 min Temps de lecture
Cyril Ramaphosa a refermé officiellement le sommet, maillet en bois à la main, à la mi-journée ce dimanche. Pour le président sud-africain, l’objectif est atteint. Il a tenu bon, face aux menaces de Donald Trump, et ressort déjà la tête haute de ce G20 assez déroutant. Malgré les réticences affichées par l’Argentine, le consensus autour de cette déclaration commune représente une « grande victoire » selon la présidence sud-africaine, à la fois pour le pays, mais aussi pour le multilatéralisme.
La déclaration finale de 30 pages reste tout de même assez vague : elle prône la paix durable partout dans le monde, la résilience climatique mais aussi la lutte contre les inégalités de richesse, l’allègement du poids de la dette. Un texte que l’Afrique du Sud a diffusé dès l’ouverture du sommet samedi matin, n’attendant pas la clôture pour la diffuser comme c’est habituellement le cas, rappelle notre correspondant à Johannesburg Valentin Hugues.
À lire aussiSommet du G20 en Afrique du Sud: Ramaphosa mise sur le multilatéralisme
Une manœuvre pour prouver rapidement que l’absence américaine ne les empêcherait pas de se mettre d’accord. Et Pretoria démontre en effet que le monde peut continuer d’avancer, même sans la présence des États-Unis, et que le reste des nations est capable de trouver un minimum de terrain d’entente autour de thèmes chers au continent africain, souligne notre correspondante, Claire Bargelès.
Le dirigeant sud-africain prouve aussi, à l’issue de ce premier jour de rassemblement, que malgré les invectives et les pressions de son partenaire outre-Atlantique, il aura su rester fidèle à sa ligne, sans toutefois tomber dans l’escalade des propos. Il a ainsi en partie remporté son bras de fer avec Washington. Mais cette absence pose question et tous ne partagent pas l’optimisme sud-africain.
Un chemin « difficile »
Car si certains pointent le succès de la déclaration commune, avec des avancées et des compromis, il y a aussi eu lors de ce sommet des déclarations plus pessimistes. Il manquait du monde à ce G20, de nombreux dirigeants n’ont pas fait le déplacement. Et les négociations en amont ont été compliquées. « Nous avons beaucoup de mal à régler autour de cette table […] les grandes crises internationales », a déclaré Emmanuel Macron, qui voit peut-être « la fin d’un cycle » et alerte sur un « G20 en crise ».
« Il ne fait aucun doute que le chemin à venir sera difficile », a renchéri le Premier ministre britannique Keir Starmer, ajoutant: « Nous devons trouver des moyens de jouer à nouveau un rôle constructif aujourd’hui face aux défis mondiaux. » Au-dessus de ce texte et de ce G20 planent des intérêts contraires. Ainsi le résume le Premier ministre chinois Li Qiang « l’unilatéralisme et le protectionnisme sont omniprésents. »
À lire aussiG20 inédit en Afrique: ambitions sud-africaines et chaise vide américaine
Avant la Turquie en 2027, ce sont les Etats-Unis qui reprennent le flambeau de la présidence du G20 à partir de ce dimanche. Mais le sommet a pris fin sans cérémonie de passation. Le ministre des Affaires étrangères sud-africain Ronald Lamola avait déjà prévenu qu’il n’y aurait pas de passage de relais sans délégation américaine. « Nous leur témoignerons un respect équivalent en veillant à ce que la personne chargée de la passation ait le rang approprié. Notre président ne peut pas assurer une passation avec un chargé de l’ambassade américaine à un sommet des dirigeants. »
Une clôture à Johannesburg qui met fin à quatre années consécutives de présidence du G20 par le Sud global. Après l’Indonésie, l’Inde et le Brésil. Ce que Cyril Ramaphosa n’a pas manqué de souligner dans son discours. Le président a rappelé l’importance de ce forum économique, mais le G20 semble de plus en plus marginalisé. On ignore à quoi ressemblera la présidence américaine du sommet. Une « réorganisation », dit la Maison Blanche pour « revenir à l’essentiel ».



