Sénégal: Corridor Dakar-Bamako – Les pistes d'une sortie de crise

Une réunion stratégique s’est tenue, ce mercredi 19 septembre 2025, au siège du Port autonome de Dakar (Pad) entre les autorités portuaires sénégalaises et une délégation malienne, conduite par la ministre des Transports et des Infrastructures, Madina Sissoko Dembélé. L’objectif était de dégager des solutions pour relancer le corridor Dakar-Bamako, actuellement paralysé par des attaques terroristes. Ces discussions urgentes interviennent alors que plus de 2.000 conteneurs maliens sont immobilisés à Dakar, la crise sécuritaire au Mali ayant un impact direct sur la fluidité du transit au port.

Face à la menace terroriste au Mali qui bloque le transit terrestre entre le Mali et le Sénégal, les autorités des deux pays ont décidé de juguler la crise. Hier, le directeur général du Port autonome de Dakar, Waly Diouf Bodiang, a accueilli la ministre malienne des Transports et des Infrastructures, Mme Madina Sissoko Dembélé, accompagnée des membres du Conseil malien des chargeurs, de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, des transporteurs routiers, des transitaires et de la Fédération malienne des transporteurs. L’objectif est de sortir le corridor Dakar-Bamako de l’asphyxie provoquée par les attaques terroristes.

Waly Diouf Bodiang, le directeur du Port de Dakar a rappelé la fraternité millénaire qui unit les deux peuples, affirmant que le Sénégal est très sensible à la situation qui pèse également sur l’économie nationale, car 65% des échanges commerciaux du Mali passent par le Port autonome de Dakar. Il estime que la situation qui prévaut sur le corridor Dakar-Bamako mérite une réponse exceptionnelle.

«Le Sénégal et le Mali partagent une histoire millénaire, des échanges culturels riches et une interdépendance économique qui s’exprime à travers l’artère vitale Dakar-Bamako. Près de 65 % du transit global malien passe par nos installations. Ces volumes ne sont pas que des chiffres ; ils sont la preuve vivante de la confiance que les opérateurs maliens nous accordent et de la solidité indéfectible des liens qui unissent nos deux nations », a-t-il déclaré.


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Le directeur du port de Dakar ajoute que face à cette situation de crise, le Sénégal va se tenir debout aux côté du Mali en faisant montre « d’une résilience et d’une ingéniosité administrative » à même de relancer le transit et d’alléger les charges portuaires pour soutenir une relance effective, adaptée au contexte.

Annulation totale des pénalités

« Notre démarche est celle d’un frère qui se tient aux côtés de son frère dans les moments difficiles. Aujourd’hui, plus que jamais, le port de Dakar veut être et restera à vos côtés », a soutenu Waly Diouf Bodian. Cette solidarité agissante va se matérialiser sur le terrain avec des décisions fortes.

Il s’agit notamment de l’annulation totale des pénalités de stockage et de magasinage pour les sociétés maliennes afin de permettre la relance immédiate des activités stratégiques. Plus de 2000 conteneurs sont bloqués au Port de Dakar du fait de l’insécurité sur le corridor Dakar-Bamako. Cette situation difficile pour l’économie malienne pose pour le Sénégal la question de la congestion du Port de Dakar.

Selon Madina Sissoko Dembélé, ministre des Transport et des Infrastructures du Mali, une partie importante de ce lot a dépassé les délais de franchise, générant des coûts exorbitants pour les importateurs maliens. Parmi ces conteneurs figurent des produits pétroliers essentiels à l’approvisionnement du Mali, des intrants agricoles indispensables à la campagne cotonnière, des pièces détachées pour l’industrie minière, des denrées alimentaires et des médicaments.

Madina Sissoko a prôné une réponse rapide, tout en saluant les décisions prises par les autorités sénégalaises. Elle s’est désolée des désagréments causés par l’immobilisation d’un tel nombre de conteneurs au Port de Dakar compte tenu des difficultés et pertes économiques pouvant en découler. « Ce n’est pas de gaieté de coeur, c’est malgré nous. C’est un cas de force majeure qui a causé ces désagréments au port et à toute la chaîne logistique », a-t-elle déclaré, saluant « la compréhension et la résilience extraordinaires » des autorités et opérateurs sénégalais qui ont accepté cette mission d’urgence malgré l’ampleur du problème.

Mais pour le Sénégal, en plus d’un devoir de solidarité envers le peuple frère du Mali, cette rencontre devrait déboucher sur des mesures aboutissant au décongestionnement du Port de Dakar. Le transit des importations du Mali passant par Dakar connaît une hausse de 8 %. Ainsi, les mesures prises sont entre autres, la création d’un mécanisme de suivi rapproché, réunissant tous les acteurs, l’accélération du déploiement complet du guichet unique portuaire électronique pour éliminer les lourdeurs administratives.

Une étude conjointe de solutions de sécurisation des convois (escortes renforcées, itinéraires alternatifs temporairement via Mauritanie ou Guinée si nécessaire) est à l’étude. Le directeur général du Port de Dakar affirme que ces décisions illustrent à suffisance la solidarité et l’attachement que les autorités du Sénégal accordent à la situation sécuritaire au Mali. « Nous traversons une situation exceptionnelle qui exige une réponse exceptionnelle. Nous oeuvrerons sans relâche pour faire du corridor Dakar-Bamako un modèle d’intégration régionale et de solidarité agissante », a martelé Waly Diouf Bodiang.

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