Cameroun: Entre essor et vigilance, le Cameroun redéfinit la sécurité de ses aéroports

Alors que le trafic aérien africain connaît une ascension historique, l’Afrique centrale et le Cameroun cherchent à capter une part croissante du tourisme international.

Dans un secteur où la confiance détermine les flux de voyageurs, la sécurité aéroportuaire devient un levier stratégique. La sûreté, portée entre autres par des acteurs privés, peut-elle transformer les aéroports en catalyseurs de croissance touristique?

Afrique : l’essor aérien face à la réalité sécuritaire

Le transport aérien mondial retrouve progressivement son niveau d’avant la crise sanitaire du Covid-19, et l’Afrique s’affirme comme un espace d’avenir pour la mobilité et le tourisme. En 2024, les compagnies du continent ont transporté près de 98 millions de passagers, une performance notable, bien que représentant encore une part limitée du trafic mondial. Selon les dernières prévisions de l’Airports Council International (ACI), le nombre de voyageurs sur le continent africain devrait atteindre 273 millions en 2025.

Cette dynamique, stimulée par la vitalité du tourisme en Afrique du Nord et par la montée en puissance des classes moyennes sur l’ensemble du continent, souligne le besoin urgent d’infrastructures sûres, modernes et fiables.

L’Afrique ne représente toutefois que 2,7 % du trafic mondial, contre 36 % pour l’Asie-Pacifique ou 26 % pour l’Europe. Pour changer d’échelle, elle devra renforcer la qualité de ses infrastructures, dont les aéroports constituent la vitrine première.

Dans ce contexte, la sécurité des infrastructures aériennes devient un pilier essentiel pour instaurer la confiance des voyageurs internationaux et soutenir le développement touristique. Elle ne se limite plus à la seule sûreté opérationnelle : elle englobe la protection des sites, la résilience des systèmes technologiques et la modernisation des équipements, autant de conditions indispensables à l’attractivité du continent.

Afrique centrale et Cameroun : décollage sous surveillance

L’Afrique centrale, souvent en retrait dans les classements touristiques, tente de se positionner comme une destination émergente. Parmi les pays moteurs, le Cameroun affiche une ambition régionale assumée. En 2024, les aéroports camerounais ont accueilli 1,77 million de passagers, soit une hausse de 5,6 %, portée par la reprise du trafic international (+31 % pour les vols intercontinentaux, +9 % pour Douala). À Yaoundé-Nsimalen, la fréquentation a progressé de 12,7 %, selon le dernier rapport d’activités des Aéroports du Cameroun, publié en 2025 et couvrant l’année précédente.

Ce rôle régional est d’autant plus stratégique que plusieurs pays voisins sont enclavés, sans accès direct à la mer et disposant d’infrastructures aéroportuaires limitées. Douala et Yaoundé agissent ainsi comme des points d’entrée logistiques et touristiques pour toute l’Afrique centrale, attirant les flux en provenance ou à destination du Tchad, de la Centrafrique ou du nord du Congo.

Le redémarrage du tourisme aérien repose largement sur la confiance des passagers, des tour-opérateurs et des compagnies. En ce sens, la sûreté aéroportuaire devient un levier de compétitivité. Le Cameroun a ainsi obtenu en 2023 un score de conformité de 78,6 % aux normes de l’OACI, bien supérieur aux moyennes régionales. Ce progrès est le fruit d’investissements lourds (clôtures, systèmes de contrôle, formation de 500 agents, etc.), mais aussi d’une collaboration accrue entre autorités et partenaires techniques.

Le rôle clé des acteurs privés dans la chaîne de confiance

Historiquement assurée par les autorités publiques, la sûreté aéroportuaire s’oriente aujourd’hui vers des modèles de gestion plus mixtes. Sur le continent, plusieurs aéroports font appel à des prestataires privés pour renforcer la surveillance, moderniser les équipements ou former le personnel de sécurité. Cette évolution répond à un double impératif : aligner les standards internationaux et accompagner la reprise du trafic aérien.

Ces partenariats introduisent des technologies avancées et une expertise opérationnelle adaptée aux standards internationaux. Mais au-delà de la technique, l’enjeu est aussi de restaurer la confiance des passagers et des transporteurs dans un secteur où la perception de sécurité reste déterminante.

Au Cameroun, l’entreprise PortSec incarne cette nouvelle approche de la sécurité aéroportuaire. Dirigée par l’ingénieur Tzafir Tzvi, la société a fait le choix de moderniser en profondeur les infrastructures existantes plutôt que de les remplacer, en s’appuyant sur les équipements déjà en place pour les porter aux standards internationaux. Ses interventions couvrent la sûreté périmétrique, le contrôle d’accès biométrique, la cybersécurité et la supervision centralisée des opérations.

En travaillant sur les aéroports de Douala et de Yaoundé-Nsimalen, PortSec agit sur les deux principales plateformes du pays. Douala concentre la majorité des flux internationaux, tandis que Yaoundé-Nsimalen s’affirme comme un relais régional en plein essor.

Cette approche, fondée sur la modernisation des infrastructures existantes et la mise à niveau technologique, contribue à renforcer la fiabilité des installations et à améliorer les conditions de sûreté. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de reprise du trafic aérien et de relance touristique observée à l’échelle du continent.

Selon les prévisions de l’IATA (2025), le trafic passagers en Afrique devrait enregistrer une croissance annuelle moyenne de 4,1 % d’ici 2045. Dans ce contexte, investir dans la sûreté aéroportuaire n’est plus une option, mais une condition essentielle pour bâtir des infrastructures africaines compétitives et durables.

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