Mali: à Bamako et en région, l'embargo jihadiste sur le carburant se fait toujours ressentir

En dépit des déclarations du ministre des Affaires étrangères qui évoquait la semaine dernière de simples « perturbations dans l’approvisionnement » du pays, la population continue de subir le blocus sur les importations de carburant décrété par les jihadistes du Jnim début septembre. Si des camions citernes sous escorte militaire parviennent, certes, à passer entre les mailles du filet et permettent d’assurer un forme de « service minimum », les activités tournent toujours au ralenti et, hors de Bamako, la pénurie persiste. 

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« Ça circule mieux », « il y a plus de mouvement » : les Bamakois joints par RFI confirment que la légère amélioration constatée depuis une dizaine de jours se poursuit.

Des camions citernes ont pu relier la capitale et sortent progressivement des services de douanes logés dans la zone aéroportuaire, afin de gérer les stocks sur la durée.

Les autorités de transition ont ainsi été en mesure d’organiser leur tout premier salon consacré à l’industrie de défense : le « Bamex » a fait les gros titres des médias officiels pendant plusieurs jours.

La nuit à attendre

« À la télé, on nous dit que les stations sont ouvertes, mais ce n’est pas ce que je vois », relativise avec colère un habitant de la capitale qui assure avoir toujours d’immenses difficultés pour faire le plein. « Il y a toujours beaucoup de stations fermées », renchérit un autre, tandis qu’un troisième raconte que « les gens continuent de passer la nuit à attendre dans les files ».

« On est résignés, dépités », confie un Bamakois avec amertume. Selon les témoignages recueillis, les activités tournent toujours au ralenti du fait des difficultés de déplacement et de l’absence de carburant pour alimenter les générateurs lors des coupures de courant.

Ségou, Koutiala, Mopti, Sikasso…

En région, la pénurie persiste. À Ségou, « le rang dépasse des kilomètres » devant les quelques stations ouvertes, témoigne un habitant qui explique que, dans la quasi totalité des stations-service de la ville, « il n’y a même plus de file d’attente puisqu’il n’y a plus de carburant ». « La situation s’est encore aggravée », confirme un autre Ségovien au ton très alarmiste. A Koutiala, « toutes les stations sont à sec », rapporte un habitant, « nous nous approvisionnons au marché noir ».

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Selon plusieurs habitants, des citernes seraient arrivées récemment à Mopti mais à destination de l’armée uniquement. « Nos stations sont toujours vides et nous n’avons toujours pas d’électricité depuis 40 jours », déplore un notable de la ville. « Il n’y a pas d’essence pour la population, aucune station n’est ouverte », déplore un autre, qui s’attend « à ce que ça dure encore ». À Sikasso, les personnes interrogées décrivent « de très longues files d’attente autour des rares stations qui vendent de l’essence ». « J’ai pu faire le plein hier soir », se félicite tout de même un Sikassois qui raconte avoir moins attendu qu’auparavant.

Pas de blocus

Les autorités maliennes de transition affirment régulièrement être à pied d’œuvre pour assurer l’approvisionnement du pays en carburant. Mais elles continuent aussi de réfuter l’existence d’un blocus jihadiste tout en accusant des « sponsors étrangers » de l’organiser en soutenant les groupes terroristes, selon les déclarations publiques récentes de plusieurs ministres du gouvernement de transition.

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