Mali: l'armée et ses supplétifs dozos «ont massacré des villageois» dans la région de Ségou, selon HRW

L’armée malienne et ses supplétifs dozos, confrérie de chasseurs traditionnels qui s’est muée en groupe d’autodéfense face aux jihadistes du Jnim dans le centre du pays, ont tué « au moins 31 civils et incendié des maisons » les 2 et 13 octobre 2025 dans deux villages de la région de Ségou. C’est ce qu’affirme l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié mardi 18 novembre. Ces exactions ont été perpétrées précisément à Ballé et à Kamona, comme RFI l’avait révélé.

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Le 2 octobre 2025, vers 10 heures du matin, au moins sept pickups et trois véhicules blindés de l’armée du Mali, accompagnés de chasseurs dozos à moto, ont fait irruption à Kamona. Les témoins interrogés par Human Rights Watch (HRW) affirment que les jihadistes qui étaient présents dans le village l’avaient quitté avant l’arrivée de l’armée et qu’il n’y a eu, ce jour-là, aucun affrontement entre les deux camps.

Exécutions sommaires

Les hommes « qui n’ont pas pu fuir ont été rassemblés et exécutés » avant d’être ensuite « criblés de balles », expliquent des survivants, décrivant un scénario qui s’apparente à des exécutions sommaires. HRW dénombre « au moins 21 hommes » tués et « au moins dix maisons » incendiées à Kamona. À l’époque, les témoignages rassemblés par RFI évoquaient « au moins 28 » morts, peut-être davantage.

Onze jours plus tard, « le 13 octobre vers 13 heures, des soldats maliens à bord de cinq pickups et des miliciens dozos à bord d’au moins 30 motos sont entrés dans le village de Ballé », selon le communiqué de Human Rights Watch. « ​​​​​​​Je ne me suis pas enfui immédiatement, se souvient un survivant, qui raconte s’être caché après avoir vu les soldats frapper des habitants. Depuis ma cachette, j’ai entendu des coups de feu. »

Dix civils, dont une femme, ont été tués ce jour-là, et une centaine de vaches ont été volées, selon les habitants interrogés par l’ONG.

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« ​​​​​​​L’armée ne fait pas de distinction entre eux et nous », déplore un habitant

Les villageois interrogés ont également expliqué vivre sous la domination des terroristes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim) et être obligés de se soumettre à leurs règles. Ils doivent par exemple leur payer un impôt. « Par conséquent, l’armée présume que nous sommes des combattants, déplore un habitant de Ballé. L’armée ne fait pas de distinction entre eux et nous. »

Human Rights Watch indique avoir sollicité le gouvernement de Transition sans obtenir de réponse. Dans un communiqué daté du 14 octobre, l’armée avait revendiqué « ​​​​​​​la neutralisation d’une vingtaine de terroristes » au cours d’une opération à Ballé.

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