À son tour, le Conseil des imams condamne les violences post-électorales en Tanzanie

Lors d’un discours prononcé samedi 15 novembre, le cheikh Issa Ponda a « fermement » condamné « les meurtres de personnes innocentes lors des élections ». Une déclaration qui vient une fois de plus confirmer l’ampleur de la répression qui a frappé les manifestations contre le régime de la présidente Samia Suluhu Hassan dans la foulée des scrutins du 29 octobre.

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Avec notre correspondante à Dar es Salaam, Élodie Goulesque

Les mots sont sans équivoque et ne sont pas passés inaperçus dans un pays où la religion tient une place essentielle dans la vie quotidienne : « Nous condamnons fermement les meurtres de personnes innocentes lors des élections », a affirmé samedi 15 novembre le Conseil des imams de Tanzanie. Une déclaration dans laquelle le cheikh Issa Ponda a aussi évoqué la présence, parmi les victimes des violences qui ont endeuillé le pays dans la foulée des élections présidentielle et législatives du 29 octobre, de personnes tuées alors qu’elles se rendaient à leur travail ou qu’elles se trouvaient simplement à leur domicile…

Si, au-delà du bilan humain – plus de 1000 morts selon les associations -, l’instance a par ailleurs fustigé les nombreuses irrégularités dans la tenue des scrutins et le comptage des bulletins de vote, cette intervention vient surtout confirmer, une fois de plus, l’ampleur de la répression sanglante des manifestations post-électorales contre le régime de la présidente Samia Suluhu Hassan déjà dénoncée par d’autres auparavant.

Le discours du cheikh Issa Ponda vient en effet s’ajouter à la longue liste de critiques qui visent le gouvernement tanzanien depuis la fin du mois dernier puisque dans le courant de la semaine dernière, 41 évêques ont demandé de leur côté l’ouverture d’une enquête indépendante – avec la présence d’enquêteurs internationaux – destinée à faire toute la lumière sur « les assassinats brutaux » qui ont été commis à la suite des élections.

De nombreuses familles continuent d’enterrer leurs morts où de les rechercher

Si la presse tanzanienne a, quant à elle, soigneusement évité de mentionner cette partie de l’intervention du religieux pour se focaliser sur ses propositions destinées à entamer la réconciliation – un mot que la présidente Samia Suluhu Hassan a répété de nombreuses fois dans son discours d’ouverture du Parlement vendredi 14 novembre -, la vie n’a repris son cours normal qu’en surface en Tanzanie. Car en privée, de nombreuses familles continuent d’enterrer leurs morts où de les rechercher, comme en témoigne une vidéo déchirante vue de nombreuses fois sur Instagram. Sur fond de sanglots étouffés, on peut y voir un homme enterrer un t-shirt, des baskets et d’autres effets personnels dans un petit trou creusé en terre – tout ce qu’il reste d’un jeune homme nommé Kelvin qui n’est jamais rentré chez lui depuis le 29 octobre et dont la famille n’a pas retrouvé le corps.

Face à cette situation, et malgré les tentatives d’apaisement de la présidente réélue à 98% – vendredi, celle-ci s’est dite « très attristée » par la mort de nombreuses personnes dans les violences post-électorales -, les appels à manifester le 9 décembre continuent d’inonder les réseaux sociaux.

À écouter aussiTanzanie: l’autoritarisme de Samia Suluhu Hassan

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