Soudan du Sud: inauguration d’une station de purification de l’eau à Bor, dans l’Etat du Jonglei

Dans notre Dossier du jour, nous nous penchons sur l’accès à l’eau potable au Soudan du Sud, un pays où 59 % des habitants en sont privés. Le pays tente toutefois de développer ses infrastructures, avec l’aide internationale. C’est le cas à Bor, la capitale de l’Etat du Jonglei, où une grande station de purification de l’eau a été inaugurée jeudi 6 novembre.
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Avec notre correspondante de retour de Bor, Florence Miettaux à Juba
Financée par les gouvernements néerlandais et coréen, à travers l’UNICEF, cette structure est en fonctionnement, depuis mai. Elle permet de purifier l’eau du Nil pour desservir 96 000 habitants, soit 80% de la population de la ville, un accès à l’eau propre qui change la vie.
Ainsi, son arrosoir à la main, Achol Teresa Jok se faufile entre les hauts plants de gombo, de café, les manguiers et les bananiers… Elle a créé ce jardin potager, depuis que sa maison a été raccordée à l’eau, en mai.
« Jusqu’à l’année dernière, quand nous n’avions pas d’eau courante, c’était très difficile d’aller chercher de l’eau au puits. Cela pouvait nous prendre jusqu’à 1 heure pour remplir un seul jerrican de 20 litres. Donc depuis que nous sommes raccordés, cela a rendu toutes les tâches domestiques bien plus faciles », se réjouit Achol Teresa Jok.
La vente de ses produits agricoles permet à Achol de payer sa facture d’eau, au prix abordable de 50 centimes d’euro le mètre cube. Elle peut même fournir trois de ses voisines âgées ou handicapées, gratuitement.
A Bor, peu de foyers sont toutefois raccordés au réseau. Près de 30 kiosques à eau sont ouverts tous les jours, pendant douze heures, comme celui où Nyandong Chan et deux amies remplissent leurs jerricans.
« C’est plus facile maintenant car ce kiosque n’est pas très loin de chez nous et l’eau est propre, ce qui est bien pour notre santé. Avant, nous allions prendre de l’eau directement dans le Nil et cette eau était sale. Les gens tombaient malades en la buvant, mais nous n’avions pas d’autre choix car il n’y avait pas de point d’eau potable », explique Nyandong Chan.
Une fois leurs jerricans pleins, Nyandong et ses amies s’aident mutuellement à les hisser sur leur tête. Elles feront l’aller-retour à pied jusqu’à chez elles, six fois, pour ramener assez d’eau pour leur consommation quotidienne.
Comment l’installation d’un nouveau point d’eau transforme la vie d’une région
Le Soudan du Sud, pays devenu indépendant, en 2011, et où une guerre civile s’est déroulée de 2013 à 2018, est en proie à une épidémie de choléra qui a fait plus de 1 500 morts, cette année. En cause, figurent le manque d’eau propre, les inondations et des conditions sanitaires catastrophiques dont souffrent particulièrement les millions de déplacés et de réfugiés présents sur le sol sud-soudanais, fuyant notamment la guerre au Soudan voisin.
Dans un contexte aussi difficile, l’aide des pays donateurs est essentielle, mais ce sont les autorités qui doivent assurer le bon fonctionnement et la pérennité des projets d’envergure comme celui de Bor.
Jointe par RFI, Yar Paul, directrice de la South Sudan Urban Water Corporation, la compagnie nationale qui supervise les cinq stations de purification de l’eau du pays, nous explique la gestion de telles structures.
« Notre modèle économique est à caractère commercial, mais nous faisons attention à ne pas pratiquer des prix trop élevés car l’eau doit rester abordable pour la population. Fonctionner, maintenir nos opérations et les développer sont nos objectifs actuels. Et donc, nous ne sommes pas encore parvenus à la phase de génération de profits pour l’entreprise car notre clientèle est encore trop réduite. Mais, je crois que le modèle que nous avons mis en place ici, à Bor, est parfait.
« C’est sans doute le meilleur du pays grâce à son équipement de production d’énergie solaire. Cela permet d’offrir des prix très bas à nos clients, car l’électricité est ce qui coûte le plus cher aux installations de traitement de l’eau.
« Dans le reste du pays, les besoins sont énormes. La majorité des gens dépendent de puits manuels. Ces derniers mois, une épidémie de choléra s’est développée à Malakal et Renk, dans le Haut-Nil, avec l’afflux de réfugiés, et s’est propagée jusqu’à Juba. Donc l’une de nos priorités actuelles est de combattre ces problèmes de santé liés à l’eau, à Renk et Malakal », précise Yar Paul, directrice de la South Sudan Urban Water Corporation.
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