Ile Maurice: Alex Samuelson – «Connecter plusieurs destinations avec rapidité, confiance et valeur, voilà ce qui fera la différence dans notre région»

En septembre, le groupe Marideal a lancé Xenos, qui rassemble MariDeal et le moteur digital du groupe, Xenos Technologies. Le PDG revient sur les fondements de sa nouvelle entité.

Qu’est-ce qui a motivé la création de Xenos, et en quoi ce projet dépasset-il un simple changement de nom ou d’organigramme ?

Depuis plus de dix ans, MariDeal accompagne les Mauriciens dans leurs envies d’évasion. À l’origine, l’ambition était simple : rendre les séjours et les loisirs accessibles à tous. Au fil du temps, cette idée s’est transformée en une véritable plateforme de référence. Nous avons ensuite décliné ce modèle à travers MariDeal Business, dédié aux expériences d’entreprise, et MariDeal Regional, qui ouvre l’accès à de nouvelles destinations. Mais, au fond, il s’agit toujours de la même maison, guidée par une même mission : créer davantage de valeur pour nos clients grâce à un meilleur service, à des produits pertinents et à la technologie.


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La naissance de Xenos est une évolution naturelle. MariDeal demeure la marque grand public, Xenos est la société de technologie qui la propulse et permet de déployer cette innovation au-delà de Maurice. Ce nouveau nom donne enfin une identité claire à ce que nous construisions depuis des années : une technologie conçue et développée à Maurice, capable d’équiper d’autres marchés et partenaires.

Comment préserver l’identité de MariDeal tout en lançant une nouvelle marque ?

L’ADN de MariDeal ne change pas. Elle reste la marque de confiance des Mauriciens, celle où l’on réserve hôtels, activités et événements d’entreprise, et dont le rôle continuera de croître à Maurice comme dans la région. Ce qui évolue, c’est l’architecture. Pour le grand public, MariDeal demeure au premier plan ; Xenos, via Xenos Technologies, agit en arrièreplan comme moteur. Là où MariDeal s’adresse aux consommateurs, Xenos se concentre sur les clients professionnels – des marques et des destinations qui souhaitent vendre en ligne sans supporter les coûts d’un développement interne ni les contraintes de solutions «clé en main» trop rigides. Xenos pose les rails, et chaque marque garde son identité.

Quels marchés internationaux ciblez-vous en premier, et pourquoi ?

Côté MariDeal, nous avons ouvert des destinations régionales -La Réunion, les Seychelles, Madagascar et les Maldives- pour encourager des voyages de proximité, plus fréquents et plus abordables. L’idée est de faciliter l’accès à ces îles voisines et d’offrir plus de choix aux Mauriciens, tout en privilégiant des trajets courts, moins coûteux et plus respectueux de l’environnement. Cette stratégie renforce le corridor des Îles Vanille et permet, chaque fois que possible, de remplacer le long-courrier par le régional.

Côté Xenos, la logique est différente. Notre technologie est conçue pour équiper toute marque ou destination souhaitant accélérer ses ventes en ligne. Nous intégrerons des partenaires qui partagent notre ambition : rendre le voyage plus accessible, plus fluide et plus durable grâce à la technologie.

En quoi la maîtrise complète de votre infrastructure et de votre propriété intellectuelle vous avantage-t-elle ?

Détenir notre propre technologie nous offre trois avantages : le contrôle, la vitesse et la confidentialité. Nous l’avons conçue et bâtie nous-mêmes. Cela nous permet de protéger les données dès leur collecte. Cette indépendance nous donne aussi la liberté d’intégrer des outils comme l’intelligence artificielle uniquement lorsqu’ils apportent une réelle valeur au parcours client. Nous choisissons la manière et le moment de les déployer, en respectant toujours la vie privée.

Parce que le système nous appartient, nous pouvons améliorer plus vite la qualité de la recherche, corriger les problèmes rapidement et maintenir des coûts bas pour les partenaires comme pour les clients.

Au-delà du tourisme domestique, comment Xenos soutiendra-t-il l’économie locale et les compétences ?

Notre mission est claire : façonner un monde numérique, une communauté à la fois. À Maurice, cela signifie aider le secteur du tourisme à passer pleinement au digital tout en conservant davantage de valeur, de savoir-faire et d’emplois sur le territoire.

Concrètement, Xenos fournit aux prestataires des outils performants pour vendre en ligne. Nous aimons dire que nous ne donnons pas seulement un poisson, nous apprenons à pêcher et fournissons la canne et l’appât. Les entreprises continuent de faire ce qu’elles savent le mieux, tandis que nous leur offrons la technologie qui leur permet de se développer. Le résultat : plus de réservations, de meilleures marges et une valeur qui reste à Maurice.

Dans la pratique, cela se traduit par des boutiques prêtes à l’emploi, des systèmes de paiement et de bons cadeaux, des tableaux de bord analytiques, des formations et certifications en e-commerce, tarification et relation client digitale. Nous mettons également en place des programmes d’alternance et des postes d’ingénierie pour faire émerger la nouvelle génération de talents en produit, data et support. En parallèle, un marché de partenaires redirige des missions vers les photographes, rédacteurs, guides et transporteurs locaux.

Toutes les données sont hébergées dans des régions de confiance, utilisées de manière responsable et jamais vendues. Xenos construit les rails, et les entreprises mauriciennes avancent dessus. Ensemble, nous créons plus d’emplois qualifiés, plus d’exportations et une économie locale plus forte.

Comment garder des offres attractives après une période promotionnelle, sans déclencher une guerre des prix ?

L’objectif n’est pas de baisser les tarifs, mais de créer de la valeur. Nous générons la demande à travers une meilleure expérience utilisateur et un catalogue plus riche. Nous veillons à maintenir la valeur résidente et la parité tarifaire, ajoutons des avantages concrets et conservons des prix moyens sains pour les fournisseurs. En parallèle, nous augmentons la valeur globale du voyage en renforçant les ventes croisées entre les vols, les transferts, la location de voiture, les activités, la restauration et les événements.

Nous personnalisons les résultats de recherche, simplifions le parcours de paiement avec des options locales et fidélisons nos clients pour qu’ils reviennent pour la valeur, pas pour la remise. Cette approche protège les marges, stabilise le marché et bâtit des relations durables avec les partenaires. Elle garantit une croissance saine qui perdure bien au-delà d’une période promotionnelle ponctuelle.

Quel retour économique attendez vous de cette première phase, et à quel horizon de rentabilité ?

Envoyer des Mauriciens vers des destinations régionales est une nouveauté. Cela implique de modifier des habitudes de réservation bien ancrées, et cela prend du temps. Notre indicateur clé pour la première année est clair: atteindre 10 000 nuitées vendues sur nos destinations à l’étranger.

Mais cette première phase ne se mesure pas uniquement au profit ou à la perte d’une destination comme La Réunion. Elle vise avant tout à construire nos capacités et à instaurer la confiance. Nous devons démontrer que nous pouvons gérer plusieurs destinations, plusieurs plans tarifaires et plusieurs types de clients sans friction. Cela suppose des connexions directes ou via des channel managers, une stricte parité tarifaire, des taux d’attachement solides et une conversion optimisée.

Une fois ces fondations établies sur plusieurs marchés, chaque cohorte de destination tend naturellement vers son seuil de rentabilité. La rentabilité suit l’échelle, et non l’inverse. Le véritable retour économique de cette phase provient de l’usage récurrent, de la réduction des coûts d’acquisition et du développement des ventes croisées entre destinations. C’est un effet cumulatif qui se renforce à mesure que nous ouvrons de nouveaux marchés.

Le modèle de transparence et de digitalisation appliqué à Maurice est-il transposable tel quel à La Réunion ?

Les principes se transfèrent entièrement, mais leur mise en œuvre doit être adaptée à chaque marché. Les voyageurs, où qu’ils soient, recherchent la même chose : une disponibilité en temps réel, des prix clairs, un parcours simple et une confidentialité respectée. Ces fondamentaux demeurent inchangés.

En revanche, chaque destination a ses particularités. À La Réunion, par exemple, la fiscalité, les préférences de paiement et la structure des partenaires diffèrent de celles de Maurice. Les comportements des fournisseurs peuvent aussi varier, ce qui influence la manière dont nous gérons la parité tarifaire, la tarification résidente ou l’intégration des contenus.

C’est là que Xenos joue pleinement son rôle. Notre technologie a été pensée pour s’adapter. Nous pouvons configurer les paiements selon les canaux bancaires locaux, assurer la conformité fiscale et offrir aux fournisseurs les outils nécessaires pour distribuer leurs offres en toute transparence, tout en gardant la maîtrise de leurs marges.

En parallèle, nous investissons dans des partenariats sur le terrain pour la formation, l’assistance et la conformité, livrés localement. En d’autres termes, le modèle se transpose, mais son succès dépend de la qualité de sa localisation. Les principes restent universels, la mise en œuvre est locale. C’est cet équilibre qui rend le modèle évolutif et durable.

Entre Madagascar, les Maldives et l’Afrique du Sud, laquelle sera la plus décisive pour asseoir votre crédibilité régionale ?

Chaque destination joue un rôle spécifique dans cette construction. Madagascar démontre notre capacité à soutenir le tourisme d’aventure et de nature à grande échelle. Les Maldives prouvent que nous savons proposer du luxe accessible, combinant hébergements et vols dans une expérience fluide. L’Afrique du Sud, quant à elle, ouvre la porte à un corridor africain plus large, intégrant escapades urbaines, shopping et même tourisme médical.

Mais la véritable étape décisive ne viendra pas d’un seul marché. Elle se jouera lorsque nous dépasserons l’arc des îles pour nous étendre vers l’Afrique, l’Asie, Dubaï et l’Inde. C’est là que se situe la prochaine vague de croissance.

Notre crédibilité se construira dans notre capacité à montrer que ce que nous avons bâti à Maurice peut s’étendre à l’international. Connecter plusieurs destinations avec rapidité, confiance et valeur, voilà ce qui fera la différence dans notre région.

Les hôtels imposent souvent des séjours minimum et des tarifs plus élevés. Quelles solutions concrètes pour les Mauriciens ?

Le premier enjeu, c’est la perception. Trop souvent, les Mauriciens sont considérés comme peu rentables, alors qu’ils constituent un pilier essentiel du secteur. Pendant la période du Covid, ce sont les résidents et la communauté expatriée qui ont permis à de nombreux hôtels de rester ouverts. Pourtant, aujourd’hui encore, beaucoup d’établissements estiment que les séjours d’une nuit coûtent cher, réduisent la rentabilité et mobilisent trop de personnel. Certains préfèrent même fermer des chambres plutôt que de les vendre localement.

Nous comprenons cette logique. Vendre une semaine à un visiteur étranger génère plus de revenus qu’une nuit à un client mauricien. Mais cela ne raconte pas toute l’histoire. La demande locale ne remplace pas la clientèle internationale, elle la complète. Autoriser les Mauriciens à séjourner pour une nuit ne se limite pas à remplir une chambre, cela renforce la fidélité, stimule le bouche-à-oreille positif et crée une visibilité organique qui, à long terme, attire davantage de visiteurs étrangers.

Plusieurs hôtels ont déjà compris cette dynamique. Ils perçoivent le marché local comme un socle qui soutient leur image, leur réputation et la régularité de leurs ventes. Quand les Mauriciens vivent une expérience positive, ils la partagent.

Cette forme de notoriété et de recommandation ne peut pas être achetée par la publicité traditionnelle. Notre rôle est d’aider davantage d’établissements à adopter cette vision à long terme. Nous nous appuyons sur des données concrètes pour démontrer le potentiel de la demande «une nuit», nous concevons des offres qui protègent les marges et nous mettons en avant les partenaires qui réussissent avec le marché local. Ce n’est pas un jeu à somme nulle. C’est une stratégie équilibrée qui maximise l’occupation, renforce le lien communautaire et contribue à la durabilité du secteur dans son ensemble.

Voyez-vous une opportunité d’innover avec des offres flexibles ou modulaires adaptées aux budgets locaux ?

Oui, c’est précisément la voie que nous explorons. Les forfaits modulaires représentent une véritable opportunité, surtout pour le marché local. Ils permettent aux clients de composer eux-mêmes leur voyage – vols, nombre de nuits, dates, activités – en fonction de leur budget, tandis que le système optimise automatiquement les autres éléments. Le résultat est simple : plus de séjour pour la même roupie.

Cette approche crée un double bénéfice. Pour les clients, elle rend le voyage plus accessible, flexible et prévisible. Pour les fournisseurs, elle permet d’écouler les stocks de manière plus intelligente, en préservant les marges tout en augmentant le volume de réservations.

À terme, la modularité favorise aussi la fidélisation. Les voyageurs voient qu’ils peuvent personnaliser leurs séjours sans être contraints par des formules rigides ou des minimums de nuitées. C’est une évolution naturelle du modèle vers plus de liberté, d’efficacité et d’équité pour toutes les parties.

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