Afrique: Au Tchad, des Soudanais fuyant la ville d'El-Fasher victimes «d'un traumatisme extrêmement grave»
Depuis la prise d’El-Fasher le 26 octobre 2025 par les Forces de soutien rapide (FSR) et les exactions qui s’en sont ensuivi dans cette grande ville de l’ouest du Soudan, des civils viennent encore grossir les rangs des réfugiés au Tchad voisin. Charlotte Slente, secrétaire générale du Danish Refugee Council (DRC), en visite à la frontière tchado-soudanaise, raconte le sort d’une « famille, comme tant d’autres, qui a vécu un traumatisme extrêmement grave, comme aucun être humain ne devrait jamais en subir ».
Toujours aucun accès à El-Fasher, la capitale du Darfour Nord, assiégée durant 18 mois et qui est tombée aux mains des paramilitaires du général Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemedti, le 26 octobre dernier.
Plusieurs organisations humanitaires font état de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis contre les civils dans cette ville de l’ouest du Soudan. « Une spirale d’atrocité », selon les Nations unies.
La prise d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide (FSR) pousse les civils à fuir vers le Tchad qui s’attend à accueillir 120 000 nouveaux réfugiés. Et, selon Charlotte Slente, la secrétaire générale du Danish Refugee Council (DRC), en visite à la frontière tchado-soudanaise, le nombre de réfugiés soudanais est croissant.
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Chaque jour, environ une cinquantaine de nouveaux arrivants réussissent à traverser la frontière. Un nombre en deçà de celui attendu. Cela s’explique, selon elle, par la dangerosité des routes qui mènent au Tchad voisin.
« Leur fils de 7 ans a été tué par balle alors que leur maison brûlait »
Charlotte Slente raconte sa rencontre avec une famille tout juste arrivée à Adré après avoir fui El-Fasher.
« Ils étaient en état de choc, complètement désorientés, explique-t-elle au micro de notre correspondante à Ndjamena, Nadia Ben Mahfoudh. Leur fils de 7 ans a été tué par balle alors qu’ils quittaient leur maison en train de brûler à El-Fasher. Ce qu’ils m’ont décrit est un cauchemar d’attaques aléatoires et de massacres menés contre les civils d’El-Fasher. Ils m’ont aussi parlé de la route dangereuse qu’ils ont prise depuis El-Fasher. Ils ont voyagé en charrette, en voiture, mais souvent à pied. Ils ont dû passer par 40 check-points où ils ont été pillés. Cette famille, comme tant d’autres, a vécu un traumatisme extrêmement grave, comme aucun être humain ne devrait jamais en subir ».
Elle poursuit : « Au début de cette guerre, pas suffisamment d’attention a été accordée au Soudan et aux implications régionales de ce conflit. Il est positif de constater qu’il suscite désormais une plus grande attention. Mais ce dont nous avons également besoin, c’est que cette guerre cesse. Il s’agit d’une guerre civile qui ne peut être résolue par les armes. Il faut qu’une solution politique soit négociée et nous avons besoin d’une forte pression de la part de la communauté internationale sur les parties prenantes à ce conflit afin de garantir que les souffrances des populations civiles cessent, et espérons-le, au plus vite. »
Le troisième plus grand pays d’Afrique est ensanglanté depuis le 15 avril 2023 par une lutte pour le pouvoir opposant l’armée aux FSR, tous accusés d’exactions. La guerre a provoqué, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes. Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des paramilitaires fin octobre de la ville d’El-Fasher, dernier bastion de l’armée dans le Darfour.


