Le Cameroun dans l'attente du décompte officiel des arrestations après les violences postélectorales

Au Cameroun, à l’issue de sa tournée nationale, qui se termine en principe, le samedi 15 novembre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, présentera le décompte officiel des arrestations, dégradations et victimes de ces dernières semaines dans le cadre de la contestation de la réélection de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre.

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Le ministre Atanga Nji était ce jeudi 13 novembre à Bafoussam dans la région de l’ouest du Cameroun avec comme mission affichée depuis son premier déplacement : évaluer la situation sur le terrain et relayer le discours d’investiture de Paul Biya, le 6 novembre dernier, pour un huitième mandat.

Pendant ce temps, sur le terrain, des collectifs d’avocats essaient de recenser et localiser les personnes arrêtées, avec une double préoccupation. Ils dénoncent l’usage de la garde à vue administrative et de la justice militaire et un « flou », selon eux, autour des procédures.

Des dizaines de personnes sont en garde à vue administrative sur arrêté du gouverneur du Littoral. D’autres déférées devant différents tribunaux militaires. Des mesures justifiées selon l’avocat Louis Gabriel Eyango vu les cas de pillages ou de casse observés. « Dans le contexte dans lequel ces actes ont été posés, les autorités administratives ont peut-être considéré à bon droit que c’étaient des actes de grand banditisme et elles ont donc actionné les gardes à vue administratives. En ce qui concerne la justice militaire, y a des édifices publics qui ont été brûlés : des actes qui s’inscrivaient dans un mouvement insurrectionnel. Lorsque y a atteinte à la sûreté de l’État, seul le tribunal militaire est compétent ». 

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« Un contournement de la justice ordinaire »

L’avocat Hippolyte Meli estime, lui, au contraire que c’est un contournement de la justice ordinaire. « La défense ne comprend pas pourquoi il peut y avoir à l’occasion des manifestations publiques une extension des lois qui sont réservées à la lutte contre le grand banditisme et contre le terrorisme. Il y a des arrestations et les domiciles perquisitionnés sans mandat de perquisition ni ordonnance. Et les personnes sont internées dans des centres conservés secrets. Personne ne sait exactement où se trouve l’individu. L’individu appréhendé doit être immédiatement conduit devant un magistrat, or tel n’est pas le cas ».

Des collectifs d’avocats demandent que les registres des gardés à vue soient rapidement rendus publics pour localiser et assister les personnes interpellées.

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