Ile Maurice: Shamshir Mukoon «Les projets basés sur le charbon ne trouvent plus de financement»

Maurice fait actuellement face à une situation délicate en matière de production d’électricité. Quelle est votre analyse ?
Le CEB peine à répondre à la demande actuelle pour plusieurs raisons.
- Nous avons enregistré deux pics record successifs en janvier et février 2025. Le plus élevé a atteint 567,8 MW.
- Plusieurs projets d’énergies renouvelables n’ont pas pu se concrétiser à temps, accumulant des retards indépendants de notre volonté.
- Le projet de production d’électricité à base de gaz naturel liquéfié (GNL), pourtant très avancé en 2020, n’a pas été mené à terme. Il aurait dû fournir 120 MW supplémentaires dès 2023.
- Enfin, une grande partie de nos installations – celles du CEB comme celles des IPP – sont vieillissantes. Les pannes deviennent inévitables, mettant en péril la sécurité énergétique du pays. À ce jour, plus de 400 MW sur les 610 MW de capacité installée ont plus de 30 à 35 ans.
Combien d’IPP sont actuellement en opération, et lesquels ?
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Nous comptons 17 producteurs indépendants d’électricité en activité à ce jour. Parmi eux : Omnicane LB, Terra, Alteo (charbon-bagasse), EOLE (éolien), Landfill (Sotravic), Akuo, Sarako PVP Co Ltd, Synnove l’Espérance, Synnove Petite Rivière, Voltas Green Ltd, Voltas Yellow Ltd, Green Yellow Ltd Arsenal, Helios Beau Champ Ltd et Green Rock Ltd (photovoltaïque).
Quand arrivent à échéance leurs contrats ? Et où en sont les négociations pour ceux déjà expirés ?
Les contrats, conformément aux dispositions de l’Electricity Act de l’époque, sont conclus pour une durée de 20 ans. Les contrats de Terra, Alteo et OTEOSA étant arrivés à terme, ils ont récemment été renégociés.
Une révision des tarifs d’achat d’électricité par le CEB est-elle prévue ?
Les tarifs sont révisés en fonction des investissements réalisés par les IPP pour améliorer leur disponibilité, leurs performances et leur fiabilité sur le réseau. Ces ajustements visent aussi à éviter des pénalités inutiles. Cela dit, ces révisions font toujours l’objet de négociations ardues.
Le CEB compte-t-il imposer des conditions plus strictes lors du renouvellement des contrats ?
Définitivement. Le CEB n’hésitera pas à imposer des conditions plus strictes dans les futurs contrats si la situation l’exige. L’objectif est de garantir une disponibilité maximale et une fiabilité accrue des centrales à charbon et charbonbagasse connectées au réseau.
Les nouveaux contrats prévoient-ils une réduction de l’utilisation du charbon au profit des énergies renouvelables ?
Oui. Le dernier contrat charbon/ bagasse signé par le CEB remonte à 2005. Aujourd’hui, les projets basés sur le charbon ne trouvent plus de financement. Les contrats les plus récents, signés en 2023, concernent uniquement des centrales solaires équipées de systèmes de stockage par batterie. Ces projets contribueront aussi à répondre à la pointe de consommation du soir. Avec la politique énergétique définie par le gouvernement, le charbon disparaîtra progressivement du mix énergétique dans les prochaines années.
Faut-il s’attendre à une hausse des tarifs pour les consommateurs ?
Une augmentation tarifaire n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Le CEB travaille d’arrache-pied pour faire face, coûte que coûte, à la demande actuelle, avec les moyens du bord et le soutien de la population.



