Mali: Des combattants islamistes au pays ont exécuté une influenceuse

Les vidéos TikTok de Mariam Cissé sur sa vie quotidienne ont touché des milliers de personnes

La plupart de ses vidéos montraient des instants de rires, des moments en musique et la couleur de la vie quotidienne à Tonka, sa ville natale située à la lisière du désert malien, près de Tombouctou. Sur TikTok, Mariam Cissé, 20 ans, partageait non seulement des moments de joie, mais exprimait aussi souvent son soutien aux forces armées maliennes dans une région ravagée par un conflit armé depuis 2012. La semaine dernière, ces vidéos, vues par près de 100 000 abonnés, ont eu des conséquences mortelles.

Le 6 novembre, des combattants islamistes, présumés membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), lié à Al-Qaïda, ont enlevé Mariam Cissé alors qu’elle filmait lors d’une foire locale à Tonka. Le lendemain, ils l’ont ramenée sur la place centrale de Tonka et l’ont exécutée devant des habitants terrifiés, l’accusant de collaborer avec l’armée malienne.


Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn

Un vendeur de téléphones âgé de 30 ans a déclaré qu’il avait vu, le 7 novembre, un groupe de combattants islamistes lourdement armés se diriger vers le centre-ville à moto. Il a reconnu Mariam Cissé à l’arrière de l’une d’elles. « Nous les avons suivis », a-t-il déclaré. « Et lorsque nous sommes arrivés sur la place, nous avons entendu des coups de feu. » L’homme a ajouté que les combattants avaient déclaré que cette exécution était un avertissement adressé à tous ceux qui soutenaient l’armée malienne.

Des habitants ont déclaré qu’il n’y avait pas de forces de sécurité maliennes stationnées à Tonka, une ville de 53 000 habitants, et que la base militaire la plus proche se trouvait à Goundam, à 31 kilomètres de là. « Les soldats sont arrivés le 8 novembre, après l’enterrement de Mariam », a déclaré un autre habitant.

Le GSIM a récemment renforcé son emprise sur le Mali. Depuis début septembre, le groupe armé assiège Bamako, la capitale, et a coupé l’approvisionnement en carburant, perturbant ainsi les transports et l’accès à l’électricité, et forçant la junte militaire à fermer temporairement les écoles et les universités.

Toutes les parties au conflit armé au Mali sont tenues de respecter le droit international humanitaire, notamment l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et au droit de la guerre coutumier. Le droit de la guerre interdit les exécutions sommaires, considérées comme des crimes de guerre.

Les groupes armés islamistes, les forces de sécurité maliennes et leurs milices alliées sont depuis longtemps responsables de massacres et d’autres atrocités commises contre des civils. Peu de personnes, d’un côté comme de l’autre, ont été amenées à rendre des comptes, ce qui ne fait qu’encourager de nouveaux abus. Le meurtre brutal de Mariam Cissé, dont les vidéos ont touché des milliers de personnes, permettra peut-être à des gens même bien au-delà des frontières du Mali de comprendre le véritable coût de cette guerre.

Ilaria Allegrozzi, Chercheuse senior sur le Sahel

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close