Guinée: lancement du projet minier de Simandou, une surenchère politique?

En Guinée, le projet Simandou enfin officiellement lancé. Attendue depuis près de trente ans, l’exploitation de la mine de fer de ce méga-projet industriel a été inaugurée ce mardi 11 novembre par le président de transition Mamadi Doumbouya et des invités de marque tels que les présidents gabonais Brice Oligui Nguema et rwandais Paul Kagame. Un mégaprojet qui a pris une tournure très politique dans le pays.

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En Guinée, le train avec le premier chargement de minerai de fer en provenance de Simandou a sifflé devant le général Mamadi Doumbouya accompagné de ses pairs du Gabon et du Rwanda, rapport »e notre correspondant à Conakry, Mokhtar Bah.

Ce 11 novembre a marqué la réception des premières tonnes de minerai de fer du mégaprojet de Simandou après plusieurs décennies d’atermoiements, de nombreuses sociétés minières qui se sont succédées dans succès.

L’homme qui est parvenu à faire aboutir ce projet Djiba Diakité se félicite de cette prouesse au nom de l’équipe qui l’a accompagné. « C’est avec un sentiment de satisfaction, une grande émotion d’assister aujourd’hui au chargement et à l’exportation des premiers minerais de fer du mégaprojet intégré, mines, infrastructures de Simandou ».

Concrétisation d’un mégaprojet

Il n’oublie pas les partenaires de la Guinée qu’il cite nommément. « Cette cérémonie est la concrétisation d’un engagement pris par l’État et les partenaires industriels Rio Tinto, Chinalco, Baowu, le géant chinois de l’acier et WCS, le consortium singapourien ».

Très prochainement, ce minerai de fer sera transformé en Guinée, a promis Mamoudou Nagnalen Barry, président du conseil d’administration de la Compagnie TransGuinéen CTG. « Au-delà des infrastructures, il a été prévu dans les accords que des études de faisabilité seront menées en moins de deux ans pour la construction d’une unité de transformation de ces minerais en acier sur le sol de la Guinée ».

L’inauguration tant attendue de ce site prend une dimension politique pour le général Mamadi Doumbouya qui a fait de ce projet l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir. Une réserve de deux milliards de tonnes de fer de haute qualité, 20 milliards de dollars d’investissements, 650 km de chemin de fer traversant la Guinée d’est en ouest, c’est « le plus gros projet mine-infrastructures dans le monde » selon le gouvernement guinéen.

Une exploitation « très politique »

Le chercheur indépendant et expert des industries extractives, Oumar Totiya Barry, confirme l’importance de ce mégaprojet et se félicite du « positionnement stratégique de la Guinée sur le marché mondial du fer ». Mais depuis que le général Doumbouya a fait du slogan « Simandou 2040 » le principal moteur de sa gouvernance, l’expert minier déplore la surenchère de communication politique qui ne tient pas compte de la réalité du terrain.

« Le fer aujourd’hui fait l’objet d’une compétition hautement stratégique. Les évolutions du prix du fer sur le marché international peut avoir un impact sur ce type de projet. Le prix doit forcément être à un niveau suffisamment rémunérateur au niveau international pour permettre à ce projet d’être viable à long terme », explique Oumar Totiya Barry.

« Donc, le deuxième élément, c’est le potentiel de transformation lié à ces infrastructures-là. Quand vous regardez aujourd’hui la configuration du chemin de fer et la plateforme portuaire de Moribaya, à court terme, ces infrastructures ne sont pas disposées à assurer le transport des personnes et des biens pour des questions à la fois de tracé, mais aussi pour des questions de logistique et de la complexité d’associer transport du minerai et transport des personnes », ajoute l’expert.

« Les investissements du ciment sont tellement importants que les entreprises ont bénéficié d’un certain nombre d’exonérations, et généralement, les dix premières années en moyenne, les projets miniers ne sont pas suffisamment générateurs de revenus à cause à la fois des exonérations, mais également à cause des coûts d’exploitation, qui sont souvent très élevés dans les premières phases de production », souligne Oumar Totiya Barry.

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