
Reçu le 27 juillet 2025 par le président Abdelmadjid Tebboune, Massad Boulos, conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique, a inauguré sa tournée maghrébine par Alger. Cette première étape illustre la stature diplomatique croissante de l’Algérie et place sur la table trois dossiers sensibles : le Sahara occidental, le régime tarifaire américain et les transferts de technologie.
Le face-à-face au palais d’El-Mouradia, en présence du ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf et de l’ambassadrice américaine Elizabeth Moore Aubin, confirme le rôle pivot que s’est acquis l’Algérie au Maghreb et au Sahel. Le communiqué officiel publié après l’entretien n’a livré aucun détail sur le contenu des échanges, se bornant à mentionner l’audience et la composition des délégations.
Cependant, pour Washington, commencer la tournée par Alger revient à reconnaître cette influence, tandis que le pouvoir algérien cherche à diversifier ses partenaires tout en capitalisant sur sa visibilité internationale.
Sahara occidental, droits de douane…
Selon des sources proches du dossier, Massad Boulos a indiqué que l’administration Trump envisageait d’examiner, dans les prochains mois, une possible évolution de la position américaine sur le Sahara occidental, jusque-là favorable à la souveraineté marocaine depuis 2020. Alger, soutien du Front Polisario, voit dans cette ouverture une première brèche, même si aucun calendrier concret n’a été fixé.
Concernant les échanges commerciaux, les nouveaux droits de douane annoncés par Washington, soit 30 % sur la plupart des importations algériennes, n’affectent guère la balance bilatérale : les hydrocarbures, qui représentent plus de 80 % des exportations algériennes vers les États-Unis, restent exonérés de taxes. Les discussions portent plutôt sur d’éventuelles exemptions pour certains produits agricoles et pharmaceutiques, en contrepartie d’un meilleur accès au marché algérien pour plusieurs sociétés américaines.
… et transfert de technologie
La question des transferts de technologie se révèle décisive. L’Algérie, qui vient de conclure un accord préliminaire avec le groupe chinois AVIC pour assembler localement des drones, ou avec l‘equipementier italien Sigit pour les pièces automobiles, exige des engagements similaires de la part de Washington dans des secteurs comme l’hydrogène vert et l’électromobilité. À ce titre, la délégation américaine a mis en avant le recours possible à l’Export-Import Bank of the United States (Ex-Im Bank). Cette agence fédérale de crédit-export pourrait garantir des prêts à taux préférentiels accordés aux entreprises ou organismes publics algériens pour l’achat de technologies américaines – électrolyseurs, batteries ou composants de véhicules électriques. Un schéma de financement de ce type réduirait le coût des projets pour l’Algérie tout en sécurisant le risque bancaire, à condition que les deux parties s’entendent sur la part de fabrication locale et la gestion de la propriété intellectuelle.
Sans annonces spectaculaires à ce jour, la visite de Massad Boulos quo a déclaré que les deux pays avaient de nombreuses opportunites de collaboration dans de nombreux domaine, montre que Washington est disposé à discuter de sujets jusque-là figés. Ainsi, Alger profite de sa nouvelle stature pour négocier des partenariats à ses conditions.