Gabon: le procès de Sylvia et Noureddin Bongo s'ouvre à Libreville

Si l’ancien président gabonais Ali Bongo ne fait pas partie des accusés, son épouse Sylvia, son fils aîné Noureddin, ainsi que 11 de leurs proches qui occupaient des fonctions de premier plan à la fin de sa présidence vont être jugés pour 12 chefs d’inculpation à compter de ce lundi 10 novembre. Mais la femme et le fils de l’ancien chef de l’État renversé par un putsch le 30 août 2023 n’assisteront pas à leur procès.

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C’est un grand procès qui s’ouvre ce lundi 10 novembre au Gabon : ni plus ni moins que celui du régime d’Ali Bongo, renversé par un coup d’État le 30 août 2023. Si l’ex-chef de l’État ne fait pas partie des accusés, son épouse Sylvia, son fils aîné Noureddin, ainsi que 11 de leurs proches qui occupaient des fonctions de premier plan à la fin de sa présidence vont, eux, être jugés pendant toute la semaine devant une cour criminelle spéciale. Surnommé la « Young Team », ce groupe de jeunes cadres est accusé d’avoir accaparer les leviers et les ressources du palais présidentiel.

Si eux seront bien sur le banc des accusés jusqu’à vendredi pour répondre, à divers degrés, de 12 chefs d’inculpation – « détournement de deniers publics », « faux et usage de faux », « corruption active », « blanchiment de capitaux », « association de malfaiteurs », « recel » ou encore « contrefaçon des sceaux de la République » et « usurpation de titres et de fonction » – l’épouse et le fils de l’ancien président n’assisteront pas aux audiences puisqu’ils ont quitté le Gabon au mois de mai dernier.

Eux les suivront de leur hôtel particulier de Londres où ils ont trouvé refuge après que le président Brice Clothaire Oligui Nguema ait consenti à les laisser quitter le pays, à la condition que ses anciens prisonniers fassent profil bas. Mais depuis leur départ, les Bongo en ont décidé autrement et se montrent très offensifs envers les nouvelles autorités gabonaises…

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« La justice va s’exprimer avec rigueur, sans préjugés et sans qu’il n’y ait de passe-droits »

À l’heure d’être jugés, ils ont ainsi refusé de rentrer pour comparaître, dénonçant un « procès spectacle ». Depuis plusieurs mois, ils distillent également des vidéos filmées en secret par Noureddin Bongo visant à accréditer l’idée d’une procédure politique téléguidée par la présidence, ainsi qu’à alimenter la plainte déposée en France pour « détention arbitraire » et « torture » lors des 20 mois passés au cachot par la femme et le fils de l’ex-président. Enfin il y a quelques jours encore, Noureddin Bongo jurait dans l’hebdomadaire français Le Point n’avoir « jamais détourné d’argent ».

« La justice va dorénavant s’exprimer avec rigueur, sans préjugés et sans qu’il n’y ait de passe-droits », s’est pour sa part défendu le procureur Eddy Minang. Au cours des audiences, les témoins viendront décrire le fonctionnement du système. Ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo incarcéré pendant quatre années sous le règne de la «Young Team», Brice Laccruche Alihanga devrait en faire partie, selon Jeune Afrique.

« Ils doivent se rendre en République gabonaise pour répondre de leurs actes »

Quant à la société civile gabonaise, si elle déplore l’absence de Sylvia et Noureddin Bongo à leur procès – où ils encourent une peine de prison à perpétuité -, elle n’attend pas moins que justice soit rendue. « Nous attendons tout simplement que les coupables paient », confirme ainsi Ghislain Ngui Nze, le porte-parole du collectif Les citoyens indignés qui a récemment publié une déclaration pour fustiger l’arrogance de l’ancienne Première dame et de son fils qui refusent de se présenter devant la justice. « En leur temps, ils estimaient que la justice gabonaise faisait son travail. Maintenant qu’ils sont mis devant le fait accompli, ils doivent se rendre en République gabonaise pour répondre de leurs actes », estime toujours celui-ci au micro d’Yves Laurent Goma, le correspondant de RFI à Libreville.

« Il aurait été judicieux de garder [les Bongo] à Libreville en attendant leur procès », confie pour sa part Georges Mpaga, le président du Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG) qui s’est constitué partie civile dans cette affaire. « Il s’agit de criminels financiers qui ont détruit le pays, qui ont systématiquement violé les droits de l’homme et qui, maintenant, refusent d’être jugés. Mais qu’à cela ne tienne : en vertu de la Convention des Nations unies contre la corruption, les compétences universelles permettent une coopération judiciaire internationale pour le rapatriement des avoirs, le produit de leurs crimes », poursuit-il.

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