Sénégal: Les zoonoses et les vertus de l'approche 'One Health'

Dakar — L’apparition de la fièvre de la vallée du Rift au Sénégal met en exergue tout le profit à tirer de l’approche « One Health » (Une seule santé), consistant à intégrer les questions sanitaires dans une perspective globale qui tient compte des liens complexes entre les santés animale et humaine et l’environnement.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que l’approche « One Health » est la meilleure façon de parvenir à limiter la propagation des maladies zoonotiques.
Elle consiste en une approche intégrée et unificatrice visant à optimiser la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes.
L’approche « One Health » est basée sur une collaboration intersectorielle et interdisciplinaire entre les acteurs de la santé humaine, de la santé animale, de l’environnement et bien d’autres acteurs, explique le docteur Youssou Bamar Guèye, chef de l’unité en charge des opérations du COUS, le centre des opérations d’urgence sanitaire.
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Cette dynamique implique des praticiens ou prestataires de soins de santé, des vétérinaires, agents techniques et des éleveurs mais aussi, des écologistes et agents des parcs.
« La prise en charge globale des problèmes sanitaires nécessite, pour leur maîtrise, la mise en commun de plusieurs autres domaines de compétence, d’où une approche multisectorielle et multidisciplinaire […] », a souligné le docteur Guèye, par ailleurs responsable de la sous-section équipe mobile d’intervention et de soutien au sein du SGI mpox.
Six groupes de maladies zoonotiques identifiées
Le SGI mpox désigne un Système de gestion de l’incident (SGI) mis en place sous l’égide du Centre des opérations d’urgence sanitaires (COUS), pour coordonner la réponse à la variole du singe mpox.
Le docteur Guèye a signalé que dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de la fièvre de la vallée du Rift également, le ministère chargé de la Santé et celui en charge de l’Agriculture, de l’Elevage et des Productions animales mènent conjointement des activités visant à freiner la propagation de la maladie.
Le Sénégal a adhéré à l’Agenda mondiale pour la sécurité sanitaire (GHSA) basé sur l’approche « One Health » en août 2015, les pouvoirs publics ayant reconnu l’importance de l’approche « Une Seule Santé » pour prévenir et répondre aux futures épidémies de zoonoses.
L’adhésion officielle du pays à l’approche « One Health » s’est notamment traduite par la mise en place de points focaux au sein des ministères et secteurs clefs comme la santé, l’environnement, l’élevage et l’agriculture.
Les secteurs d’appui que sont les ministères de l’Intérieur, des Forces armées, de la Communication, des Transports, de la Jeunesse et de la Justice en ont également été dotés.
Les acteurs de la santé humaine et animale et leurs partenaires ont de la même manière identifié six groupes de maladies zoonotiques prioritaires sur la base de critères standard convenus pour orienter les investissements et la priorisation dans la lutte contre les menaces de maladies infectieuses
Il s’agit de la rage, de la grippe aviaire zoonotique, de la tuberculose bovine, de l’Anthrax ou charbon, de la fièvre de la vallée du Rift et des maladies à virus Ebola/Marburg.
Développer des stratégies de prévention
Une zoonose est une maladie ou une infection naturellement transmissible des animaux vertébrés à l’homme, rappelle le docteur Khady Niang, vétérinaire en service au ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage.
« Les agents pathogènes zoonotiques peuvent être d’origine bactérienne, virale ou parasitaire, ou peuvent impliquer des agents non conventionnels et se propager à l’homme par contact direct ou par les aliments, l’eau ou l’environnement », explique la vétérinaire.
Les zoonoses représentent un problème majeur de santé publique, en raison de la relation étroite avec les animaux dans différents contextes (agriculture, animaux domestique et environnement naturel), ajoute-t-elle.
Les maladies relevant des zoonoses peuvent également perturber la production et le commerce des produits d’origine animale pour l’alimentation ou à d’autres fins.
La fièvre de la vallée du Rift, en particulier, affecte les buffles, les camelins, les bovins, les caprins et les ovins, ainsi que l’homme.
La maladie se traduit chez les animaux par une forte fièvre, des avortements, une morbidité et une mortalité élevées.
« Elle sévit de façon enzootique au Sénégal, c’est-à-dire qu’elle touche une ou plusieurs espèces dans une région. C’est pourquoi la maladie fait l’objet d’une surveillance passive et active, et d’une vaccination ciblée », a expliqué la vétérinaire.
La fièvre de la vallée du Rift se transmet par les animaux sauvages et domestiques aux moustiques qui les transmettent à l’homme.
« D’où la nécessité de surveiller les animaux sensibles et notifier immédiatement les cas suspects, mais surtout d’éviter de manipuler les avortons ou prendre des précautions si la manipulation est nécessaire », a recommandé Khady Niang.
La spécialiste insiste aussi sur la nécessité de développer des stratégies de prévention et de lutte contre cette zoonose, compte tenu de son expansion à travers le pays.
La prévention dans ce cas passe par la vaccination ciblée, le saupoudrage et traitement des mares d’eau par les brigades régionales d’hygiène, détaille-t-elle.

