Madagascar: la Cour des comptes chargée d'un audit de l'État pour déceler les failles du précédent régime

À Madagascar, une semaine après la nomination des membres du gouvernement, la présidence de la Refondation et la Primature ont mandaté la Cour des comptes pour qu’elle réalise un audit général de tous les ministères et leurs organismes rattachés. La même mission a été confiée à l’Inspection générale de l’État. Objectif : identifier les différentes failles de l’administration en matière de gouvernance, et particulièrement en matière de gouvernance financière, mais aussi savoir si les enveloppes octroyées par le précédent régime ont répondu aux exigences de la population.
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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Les 47 magistrats de la Cour des comptes ont été affectés auprès des 29 ministères pour essayer d’analyser des milliers de données chiffrées qui correspondent à l’allocation du budget de l’État de Madagascar ces dernières années. Rado Milijaona, président de chambre à la Cour des comptes, dirige l’audit du ministère de la Santé, l’un des plus grands ministères de l’État en termes de volume budgétaire et de couverture géographique. Il détaille sa mission :
« Notre rôle consiste à s’assurer que tous les matériels du ministère passent de l’ancienne équipe vers la nouvelle équipe. Et aussi que tous les fonds ont été utilisés à des fins régulières et pour l’intérêt général. Tous les matériels comme les voitures, les frigos de vaccination, les terrains ministériels et même les vaccins : est-ce qu’ils sont encore dans les centres de soins ? Ou est-ce qu’ils ont disparu ? Parce que la présence ou l’absence de ces matériels va impacter la suite des activités du ministère de la Santé. D’autre part, notre audit va permettre d’apprécier si, par exemple, un service ou une direction assure vraiment ses fonctions et s’il est vraiment nécessaire dans le système global de santé. »
Cette évaluation n’a plus été menée depuis 2020
Les audits de chacun des ministères seront accompagnés de recommandations, destinées à « l’état-major » du nouveau régime. Jean de Dieu Rakotondramihamina, président de la Cour des comptes, explique : « Cela sert de base pour l’administration pour rectifier le tir en termes de loi des finances. Et deuxièmement, ça permet également au gouvernement central de mener une réforme, une véritable réforme, une « refondation » comme on dit, de la gouvernance de Madagascar. Nos recommandations seront soit stratégiques – nous pourrons par exemple proposer la révision de certains textes juridiques – soit tactiques, en proposant de changer de pratiques, tout simplement. »
Cette évaluation titanesque, prévue être réalisée tous les deux ans, n’a plus été menée depuis 2020. Le défi est immense autant que nécessaire. Les magistrats ont trois mois pour accomplir l’audit général de l’État. Ces délais très courts risquent néanmoins, de l’aveu de certains magistrats, de limiter la recherche en profondeur des failles du système.
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