Violences post-électorales en Tanzanie: les corps de nombreuses victimes de la répression restent introuvables

De nombreuses familles affirment n’avoir toujours pas réussi à retrouver les dépouilles de leurs proches disparus lors des affrontements qui ont eu lieu à l’occasion des législatives et de la présidentielle du 29 octobre en Tanzanie. RFI a recueilli le témoignage d’une jeune femme de Dar es Salaam dont le compagnon a été tué par balle le jour du vote.

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En Tanzanie, les violences électorales survenues à l’occasion des élections législatives et présidentielle du 29 octobre continuent de hanter les esprits. Si l’opposition affirme que la répression a fait près de 2 000 morts – un chiffre impossible à confirmer de source indépendante à ce stade -, des centaines de familles affirment, de leur côté, n’avoir toujours pas retrouvé les corps de leurs proches disparus. À Dar es Salaam, c’est par exemple le cas de cette jeune femme dont le compagnon a été tué d’une balle à l’estomac le jour du vote et dont la dépouille reste, depuis, introuvable. 

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À l’hôpital, celle-ci espérait pourtant encore pouvoir lui offrir une sépulture digne. « On m’a dit que son corps avait été transféré à la morgue. J’ai alors ressenti une forme de soulagement car je me suis dit qu’au moins, il serait conservé, confie celle-ci sous le sceau de l’anonymat. Mais le lendemain, on nous a interdit de sortir à cause du couvre-feu et quand son frère a enfin pu y aller, on lui a dit que la dépouille ne s’y trouvait pas », reprend-t-elle. Un cauchemar qui ne faisait alors que débuter car, depuis, toute la famille cherche en vain le corps du jeune homme…

« L’armée nous a dit que certains corps avaient été enterrés par le gouvernement »

Alors que les ONG évoquent des disparitions forcées et un climat de peur qui empêche les proches des victimes de réclamer justice, l’armée est, quant à elle, soupçonnée d’avoir enterré des corps sans les identifier afin d’effacer les traces d’exactions. « L’armée nous a dit que certains corps avaient été enterrés par le gouvernement, que ce n’était pas la peine de chercher. Alors on s’est réunis pour prier pour lui. On a l’impression qu’il a été enterré comme un animal, sans être lavé, couvert de sang. C’est terrible ! », ajoute encore la jeune femme pour qui le deuil reste impossible, comme pour beaucoup de familles tanzaniennes après les violences électorales. 

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