Cote d'Ivoire: APPO – Mamadou Sangafowa-Coulibaly définit ses priorités

Le ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, nouveau président de l’APPO entend donner plus de visibilité à l’organisation à travers des projets et reformes structurants.
Un mandat d’un an à la tête de l’Association des pays producteurs de pétrole africains (APPO). C’est le fruit majeur récolté de la mission conduite le ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, au Congo qui s’est tenue les 4 et 5 novembre à Brazzaville.
En effet, à l’issue de la 48e session du Conseil des ministres de cette organisation du secteur des hydrocarbures en Afrique, les pays membres ont désigné la Côte d’Ivoire pour présider à la destinée de cette association pour un mandat tournant d’un an, à partir de janvier 2026.
Il succède à Bruno Jean Richard Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures. La Côte d’Ivoire assurera ainsi son deuxième mandat à la tête de l’organisation après 2016, soit 10 ans après. Mise en place en 1987, l’APPO regroupe à ce jour 18 pays africains producteurs de pétrole et de gaz, mais elle est peu connue dans ces pays.
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« Je suis de ceux qui pensent que la pertinence de cette organisation n’a jamais été aussi évidente pour tenir compte des enjeux autour de l’exploitation de nos ressources naturelles au service du développement du continent.
L’arrivée de mon pays, connu pour être un pays agricole, ambitionne désormais de mettre à contribution ses ressources extractives », a-t-il déclaré à la passation de témoin, à la clôture de la session du Conseil des ministres. Il fonde son espoir sur la base des récentes découvertes de classe mondiale dans la plupart des pays africains pour mettre à profit toutes les expériences de ses prédécesseurs dans le secteur.
« L’agenda qui sera le nôtre pendant l’année qui va s’ouvrir sera inscrit dans la continuité de ce que mes prédécesseurs ont commencé pour achever la mise en place de la banque de l’énergie, un projet d’une extrême importance », a-t-il ajouté en substance.
Aussi, le ministre Sangafowa-Coulibaly veut donner plus de visibilité et de vitalité au fonctionnement de l’organisation en engageant des réformes qui puissent booster l’efficacité de cet instrument.
Au regard des défis liés à la transition énergétique mondiale et au retrait progressif des bailleurs de fonds traditionnels des projets du secteur des hydrocarbures, le nouveau président de l’APPO, définit comme priorité de son mandat, la finalisation de la Banque africaine de l’énergie (AEB, sigle en anglais), un des projets phares des pays producteurs de pétrole posé sur la table depuis environ six ans.
Pour le ministre Ivoirien, cette institution financière avec un capital prévu de 5 milliards de dollars est très importante, dans la mesure où elle va assurer l’autonomie financière dans le développement de l’économie énergétique partant de la recherche, la formation, à la transformation locale des ressources énergétiques.
A cet effet, le conseil des ministres a décidé de confier au ministre d’État algérien en charge des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, un groupe de travail ministériel en vue de lancer véritablement le processus de création de la Banque de l’énergie.
«Parachever la mise en place de cette banque est quelque chose d’extrêmement important », a-t-il affirmé.
Et le sommet des chefs d’État de l’APPO annoncé au premier semestre 2026 viendra accélérer la mise en oeuvre de ce projet à travers la mobilisation des contributions initiales de 500 millions de dollars nécessaires à l’opérationnalisation de la Banque africaine de l’énergie. La concrétisation du contenu local en dépend fortement.
Le contenu local pour une prise en main continentale de la transition énergétique
« J’ai aussi noté que le contenu local a fait l’objet d’une déclaration commune des ministres ou de leurs représentants. Je voudrais que l’année 2026 soit également mise à profit pour que les intentions communes puissent commencer à prendre corps en ce qui concerne le contenu local. On ne peut pas continuer de se payer le luxe d’importer les biens et services que nous avons produits sur le continent.
En ce qui nous concerne en Côte d’Ivoire, nous avons mis un point d’honneur à relever le niveau de nos entreprises et de nos concitoyens pour que la majorité des biens et services soient contractés localement », a précisé le ministre Sangafowa-Coulibaly avant d’ajouter de partager sa foi que l’appui des Etats membres dans la mise en oeuvre de leur contenu local sera déterminant pour donner corps aux recommandations de la session de Brazzaville.
En clair, la « Déclaration de Brazzaville » sur le contenu local adoptée lors de la 4e Conférence et Exposition sur le Contenu Local en Afrique (CECLA, le deuxième grand moment des assises du Congo), engage donc les 18 États membres de l’APPO à renforcer la participation des entreprises et de la main-d’oeuvre africaines dans la chaîne des valeurs des secteurs des hydrocarbures et d’autres industries.
Cette déclaration se fonde sur des actions concrètes pour promouvoir les entreprises locales, le transfert de technologie et le développement des compétences nationales. Les principaux objectifs étant de renforcer la participation locale et le rôle des entreprises africaines ainsi que leur accès aux projets.
Il s’agit aussi, selon le Conseil des ministres, de développer les compétences (promouvoir la formation et l’expertise locale), favoriser le développement des PME et la croissance économique des pays africains par la promotion du transfert de technologie en encourageant les partenariats entre entreprises locales et étrangères pour le partage des connaissances et technologies.
Les pays se sont donc engagés à atteindre ces objectifs à travers la mise en oeuvre d’actions concrètes, notamment le renforcement des cadres réglementaires pour garantir l’application des mesures de contenu local, de la collaboration entre les gouvernements, les entreprises, les universités et la société civile ainsi que des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact des initiatives de contenu local sur l’économie nationale et continentale.
« Je voudrais que les actions communes puissent commencer à prendre forme », a-t-il insisté.
La Côte d’Ivoire pourrait y contribuer résolument, car depuis la découverte du gisement Baleine en 2021, le pays a mis en place une loi sur le contenu local et une plateforme numérique dédiée qui recense déjà plus de 2 000 entreprises locales impliquées dans la chaîne de valeur énergétique. Nous avons mis un point d’ordre à relever le niveau de nos entreprises et de nos concitoyens pour que la majorité des biens et services soient contractés localement », a exhorté le nouveau président de l’APPO.
Cette approche ivoirienne, axée sur la transparence, l’innovation et la coopération régionale, devrait servir d’exemple aux autres pays africains pour « évoluer vers la construction d’un contenu local régional ou continental », comme le souhaite ardemment le ministre Sangafowa-Coulibaly.
Car la Côte d’Ivoire connue certes pour son agriculture, veut diversifier les fondamentaux de son économie en valorisant ses ressources extractives pour assurer sa souveraineté dans le secteur de l’énergie.
« Je suis conscient que les défis que nous avons en tant que peuple africain, et surtout en ce qui concerne notre souveraineté énergétique, sont des défis de taille, et qu’ils ne peuvent s’accommoder de quelques considérations partisanes », a indiqué le ministre, non sans féliciter son prédécesseur, son homologue Congolais Bruno Jean Richard Itoua, le secrétaire général sortant Omar Farouk Ibrahim et son successeur, l’algérien Farid Ghezali.
A noter que le ministre Ivoirien assurera son mandat à la tête de l’APPO avec comme vice-présidente, sa collègue de la Rdc, la Dr Acacia Bandubola Mbongo.



