Une levée de fonds record pour la start-up gabonaise Pozi

La start-up gabonaise Pozi a levé 650 000 euros début octobre, une première dans l’histoire du pays. Une levée de fonds rare dans un environnement où l’Afrique francophone reste largement en marge des investissements : en 2025, les États de la région ne devraient capter pas plus de 15% du total des financements destinés aux start-up du continent.

« C’est un outil d’aide à la décision qui permet d’optimiser son exploitation de flottes. » C’est ainsi que Loïc Kapitho, cofondateur de Pozi, résume le concept de sa jeune entreprise. « Ce qui est nouveau dans notre approche, c’est le fait de proposer des tableaux de bord de manière, on va dire native, qui sont orientés plutôt décideurs, donc financiers- exploitants. Ce qui est nouveau, c’est que notre métier en général repose sur des profils un petit peu techniques, des geeks en entreprise qui vont faire du suivi en temps réel », décrypte-t-il.

Pouvoir tracer ses véhicules et optimiser leurs déplacements, tout cela grâce à une interface simple d’utilisation ; voici le concept de Pozi, explique Loïc Kapitho. « On a un sujet de sécurité, on a un sujet de localisation, mais de plus en plus, c’est surtout un sujet d’optimisation. Un cas d’usage serait par exemple les chantiers qui grandissent. Vous avez de plus en plus de chantiers, des routes, des buildings qui nécessitent de l’agrégat, du sable. Et en règle générale, ce sont ces flux qu’on essaie d’optimiser pour être sûr qu’on n’a pas de perte en route, pour être sûr que les engins sont bien utilisés, avec un bon taux d’occupation sur les chantiers, pour être sûrs aussi qu’on n’a pas de surconsommation de tout ce qui va être carburant. Grâce aux datas collectées, en fait, on fournit aux financiers et aux décideurs des tableaux qui leur permettent d’être sûrs que leur exploitation est optimisée », poursuit le cofondateur.

Avant d’en arriver là, c’est sur fonds propres que la start-up a fait ses débuts. Lever des fonds dans la région reste difficile, explique Loïc Kapitho : « C’est difficile parce qu’on n’a pas une culture du risque et de l’investissement dans la tech, en Afrique centrale. En règle générale, on est plutôt portés par les secteurs traditionnels. Ce sont des économies dites rentières, donc avec énormément de capitaux dans les infrastructures, dans le milieu d’extraction minière ou du pétrole. Et donc, en général, les investisseurs s’intéressent plutôt à ces gros projets d’infrastructures, des projets d’énergie, et très peu sont portés sur les startups. La difficulté réside dans le fait qu’il y a très peu d’acteurs, sinon aucun acteur spécialisé. Et donc, on a quasiment obligation d’aller regarder sur des marchés qui ont plus de latitude, plus de culture d’investissement dans la tech. L’Afrique de l’Ouest, à ce titre, a un peu plus de maturité. »

Lever des fonds, un défi en Afrique centrale

Sur le continent, quatre pays – le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte – attirent près de 80% des financements. Il n’est pas simple pour les autres de tirer leur épingle du jeu, confirme Maxime Bayen, associé chez Catalyst Fund :  « Ce qui est étonnant, c’est la géographie, puisque c’est depuis 2019 la première startup au Gabon qui lève plus de 100 000 dollars de financement. Sur le cas spécifique du Gabon, en fait, c’est un petit marché, avec une taille de population et un PIB assez restreints par rapport au reste de l’Afrique. Et en fait, c’est ça qui est très corrélé avec le financement de startup. »

Mais pour lui, le signal est positif : « Il faut une première startup, il faut une première levée de fonds qui va ensuite indiquer à d’autres fondateurs, à d’autres entrepreneurs que c’est possible. On peut être entrepreneur tech au Gabon et lever des fonds. C’est extrêmement encourageant et plutôt prometteur pour la suite. »

Être implantée localement tout en ayant la capacité de développer son modèle à grande échelle a sans doute convaincu la société de capital-risque Saviu Fund d’investir dans Pozi.

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