Cote d'Ivoire: Judo – Sur quelle base va-t-on élire le président?

Contre vents et marées, la direction de la vie fédérale et du sport de haut niveau veut donner un président au judo ivoirien. Comment ? On se pose la question. En effet, les statuts et règlement intérieur de la fédération sont annulés par la sentence arbitrale du 21 août 2025 devenue définitive. Sur quels textes les hommes du ministère entendent se fonder pour élire un nouveau président à la tête de la fédération ivoirienne de judo ?
A écouter les uns et les autres, l’on compte s’appuyer sur les statuts de 2017 pour l’élection du président de la fédération de judo. Même si, c’était le cas, qui doit décider de l’utilisation des statuts de 2017 ?
Il est clair que c’est l’assemblée générale extraordinaire de la faîtière qui est habilitée à décider si les statuts de 2017 doivent être utilisés ou pas.
Ni le ministère en charge du Sport ni le Comité national olympique n’ont le pouvoir et la compétence de faire un tel choix. Et puis les statuts de 2017 (anciens) sont régis par la loi sur les associations de 1960. Cette loi de 1960 a été abrogée par l’ordonnance N° 2024-386 du 12 juin 2024 relative à l’organisation de la société civile qui régit désormais les associations.
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Et puis l’ordonnance de 2024 prévoit que : « Les associations régulièrement constituées conformément à la loi N° 60-315 du 21 septembre 1960 sont tenues de se conformer à la présente ordonnance dans un délai de douze mois sous peine d’une amende de 1 000 000 FCfa… ». Il est donc indiscutable que les statuts de 2017 n’ont pas été mis en conformité avec l’ordonnance de 2024.
Du coup, l’utilisation des statuts de 2017 contrevient en conséquence à la loi de 2024. Il est évident que le ministère délégué en charge du Sport ne peut pas prendre le risque de violer une loi pour permettre l’organisation rapide de l’élection d’un président de fédération.
Le Comité national olympique, conscient qu’il n’est pas au-dessus du ministère des Sports, veut juste que l’on respecte les textes qu’on s’est donnés. La sentence du tribunal arbitral doit s’appliquer. Le ministère n’ayant pas de commission électorale en son sein, il était juste que l’on mette en place un comité ad hoc, pour adapter les textes de la fédération à la loi n°2014-856 du 22 -12-2014 relative au sport.
Ce qui arrive au judo ivoirien devrait interpeller plus d’un. C’est l’avenir de ce sport de combat naguère fleuron des arts martiaux en Côte d’Ivoire qui se joue sous nos yeux. Arrière de nous ces grands moments où le Cas des Deux Plateaux refusait du monde, où le grand public courrait pour voir le roi incontesté du tatami, Isaac Angbo, et d’autres grands champions, Olivier Mondouho, Arnaud Malley, Krizoua Paul, Abé Chantal, Money Koko, Béatrice, Marie Jeanne Pennavayre, Goua Lou…
Aujourd’hui, il n’y a plus de compétitions majeures. Le célèbre tournoi d’Abidjan qui mobilisait toute l’Afrique au bord de la lagune Ebrié a perdu ses lettres de noblesse. Les championnats nationaux (par équipe et individuels), les nombreux trophées de sponsor ont disparu de la scène.
Les grands champions ont disparu des fichiers internationaux. Seul le président de la fédération est promu à l’international, et la discipline ne rime plus qu’avec un patronyme unique : Dabonné, du nom de la seule athlète de haut niveau, qui vient de prendre sa retraite internationale.


