Soudan: des images de paramilitaires à el-Fasher contredisent le narratif de leurs propres chefs

Le 26 octobre dernier, les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre avec l’armée depuis le 15 avril 2023 au Soudan, ont pris le contrôle d’el-Fasher, capitale du Darfour-Nord. Les paramilitaires ont, au passage, filmé leurs nombreuses exactions. Des vidéos et témoignages qui se multiplient depuis dix jours et qui contredisent le narratif des dirigeants des FSR.
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Combien y a-t-il eu de morts à el-Fasher au Soudan, depuis que cette ville de l’ouest du pays a été prise par les paramilitaires, le 26 octobre 2025 ? Jusque-là, le Réseau des médecins soudanais et d’autres organisations internationales ont estimé le bilan à 3 000 morts, dont 2 000 civils. Mais celui-ci pourrait être beaucoup plus lourd.
Des nouvelles images continuent en effet à déferler de la capitale du Darfour-Nord, confirmant de plus en plus l’étendue des exécutions. Une vidéo particulièrement atroce montre un groupe d’une centaine d’hommes rassemblés et brûlés vifs.
Selon l’Organisation internationale des migrations, 82 000 civils ont déjà quitté la ville sinistrée. La majorité d’entre eux est arrivée à al-Dabbah dans l’État du Nord. Leur nombre est estimé à 15 000. Ils sont extrêmement épuisés et affamés. Ils livrent les mêmes témoignages sur les massacres, les attaques, les corps sans vies sur la route, les razzias, les enlèvements, et les violences sexuelles.
« Le boucher d’el-Fasher » libre
Les FSR continuent à tuer, alors que l’un d’entre eux, Abou Lou Lou, surnommé par la presse internationale « le boucher d’el-Fasher », dont les paramilitaires avaient annoncé l’arrestation, est libre et apparaît dans plusieurs nouvelles vidéos. D’autres FSR continuent à se vanter fièrement devant les caméras du nombre des personnes qu’ils ont sommairement tués.
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Pourtant, mardi 4 novembre, leur chef, Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemedti, était à el-Fasher. On l’a vu entouré des femmes et d’enfants en train de caresser quelques têtes, montrant sa compassion envers un enfant visiblement terrorisé. Les femmes et enfants présents ne semblaient pas du tout à l’aise. La veille, c’était son frère, Abderrahim Hamdan Dogolo, numéro deux des paramilitaires, qui a été à el-Fasher.
La contradiction de ces images avec la réalité des massacres révolte de nombreux internautes au moment où les FSR tentent d’effacer les traces de leurs atrocités.



