Sahara occidental : 50 ans après la Marche verte, l’ONU fait évoluer sa position au profit du Maroc

Il y a cinquante ans, le 6 novembre 1975, 350 000 Marocains entreprenaient une « Marche verte » vers le Sahara occidental à l’appel du roi Hassan II, pour marquer son appartenance au Royaume. C’était le début d’une lutte opposant Rabat aux indépendantistes du Polisario. Un demi-siècle plus tard, le conflit n’est toujours pas réglé. Mais à l’ONU, un vote vient de changer la donne. 

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C’est une victoire diplomatique pour Rabat. Une évolution historique, car en 1975, l’ONU avait critiqué la Marche verte. Et un accroc à la doctrine des Nations unies, qui consacre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’ONU a toujours plaidé pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis : c’est même, depuis 1991, au cœur du mandat de la Minurso, la mission de l’ONU au Sahara occidental.

Le référendum relégué au second plan

Dans la résolution adoptée le 31 octobre dernier, le terme d’autodétermination figure toujours — il a été ajouté au fil des négociations — mais l’organisation d’un référendum semble bel et bien reléguée au second plan. L’ONU a ainsi entériné en quelque sorte un basculement international en faveur du Maroc, qui a débuté en 2020 lorsque Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Et cette évolution interroge, selon le chercheur au Ceri, Adlène Mohamedi : « Pour moi, un des faits majeurs ici, c’est un contournement du droit international. Et en réalité, tout ce qu’ont fait les Américains, les Français et d’autres individuellement se retrouve reflété dans cette résolution. Donc oui, on a encore une fois cette résolution, mais les problèmes qui se posaient avant sont encore là. »

Un dialogue toujours suspendu

Concrètement, quel sera l’impact de cette résolution sur le terrain ? Est-ce que l’envoyé spécial de l’ONU va pouvoir relancer les négociations sur cette base ? Au lendemain du vote, Mohamed Yeslem Bessat, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, ne ferme pas la porte au dialogue, mais seulement à condition que toutes les options restent ouvertes — pas uniquement l’autonomie : « Nous prendrons la décision en temps voulu, mais quand certains essaient de jouer les médiateurs tout en se comportant comme des arbitres biaisés, cela rend la paix encore plus difficile. Les États-Unis pensent qu’en s’alignant aveuglément derrière le Maroc, en soutenant ses ambitions territoriales et ses revendications, ils favorisent la paix. En réalité, c’est un cadeau empoisonné : nous sommes encore très loin d’une paix véritable. »

Ambiguïté de l’Algérie

La suite dépendra aussi de l’attitude de l’Algérie, principal soutien du Polisario, qui se retrouve aujourd’hui embarrassée. Elle a porté la voix des Sahraouis au Conseil, mais n’a pas participé au vote. Certains voient dans cette réserve une manière d’éviter de s’opposer frontalement aux États-Unis dans ce dossier. Affaiblie sur le plan régional et international, l’Algérie tente de se rapprocher de Washington pour consolider un partenariat économique et stratégique. Elle observe aussi les liens qui se tissent entre Rabat et Moscou, ce qui pourrait la pousser à revoir son approche et à réévaluer son soutien au Polisario, pour opter pour davantage de réalisme politique.

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