Afrique: Un an après l'élection de Donald Trump, quelles conséquences sur le continent?

Un an après son élection, le président américain a mis l’accent sur les mesures protectionnistes et donc sur la politique commerciale. Entre augmentation des droits de douanes et réduction de la contribution américaine à l’aide internationale, les pays africains n’ont pas été épargnés. Certains ont tout de même tenté des « deals », sans franc succès jusqu’à présent.

La scène se joue à la Maison Blanche en juillet dernier. Cinq dirigeants de pays africains ont été invités par Donald Trump. Parmi eux, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani tente de vanter le sous-sol de son pays. « Nous avons du manganèse, de l’uranium et très probablement du lithium », détaillait-il avant d’être coupé par Donald Trump. « Soyons brefs, allez droit au but », lui avait-il asséné.

Avec Trump, l’humiliation n’est jamais bien loin. Cyril Ramaphosa en a fait les frais, accusé dans ce même bureau ovale de « génocide » contre des blancs en Afrique du Sud. Pretoria se voit d’ailleurs imposer 30% de droits de douane par les États-Unis.

L’Afrique du Sud a particulièrement fait les frais de l’élection de Donald Trump


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Taxes sur les importations à 30 %, expulsion de son ambassadeur, diffusion d’extraits vidéos polémiques dans le bureau ovale face au président sud-africain, multiples posts sur les réseaux sociaux pour attaquer la politique intérieure sud-africaine… La semaine dernière encore, la Maison Blanche, qui proclame réduire l’accueil de réfugiés, annonce que l’asile sera donné en priorité aux Afrikaners blancs d’Afrique du Sud. Un nouvel affront pour la Nation arc-en-ciel

En donnant la priorité aux Afrikaners blancs, le président américain revient donc à la charge concernant la prétendue persécution de la minorité blanche en Afrique du Sud. En février dernier déjà, il lui avait accordé le statut de réfugié en février dernier, en invoquant les attaques de fermes et les nouvelles lois sur la redistribution des terres.

Ce que ne dit pas Donald Trump, c’est que cette minorité blanche possède encore une large majorité des terres sud-africaines, héritage du système raciste de l’apartheid, rapporte notre correspondant à Johannesburg, Valentin Hugues. Que les attaques de fermes sont bien réelles, mais que le crime est un fléau national qui touche en réalité tous les Sud-Africains. Pour les analystes politiques, la question des réfugiés, mais aussi l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain, ou encore les taxes à 30 %, c’est avant tout un moyen de faire pression sur la nation arc-en-ciel.

Ce que souhaitent vraiment les États-Unis, c’est que l’Afrique du Sud retire sa plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice. D’autres observateurs vont plus loin, et voient en cette priorité donnée aux Sud-Africains blancs l’illustration de l’idéologie raciste du président Trump.

La fin de l’Agoa et de l’USAID

En septembre, la fin de l’Agoa qui permettait à 32 pays africains d’exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans droits de douane, est un autre coup dur. Le Lesotho, Madagascar, le Kenya et l’Afrique du Sud vont être particulièrement touchés.

L’autre séisme cette année, c’est la fin de l’USAID, le programme qui permettait des milliards de dollars d’aide chaque année sur le continent.

Désormais, ce sont surtout les minerais de RDC qui passionnent le locataire de la Maison Blanche. Passer de l’aide au commerce, c’est la nouvelle doctrine assumée de Trump avec l’Afrique.

Plus de business, et pas d’aide, c’est la diplomatie commerciale, dit Washington

Même l’accord de paix obtenu le 27 juin à Washington, signé par les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda, suit la même logique : je vous aide à faire la paix, et on partage les dividendes économiques, mais avec des accès privilégiés pour les entreprises américaines sur le nouveau marché.

Et pour Donald Trump, cette diplomatie commerciale repose actuellement sur deux grands dossiers. D’abord, le corridor de Lobito dont l’objectif est de relier les zones minières de l’espace Katanga à l’Angola, et de là, au marché américain. Il y a également des investissements prévus dans un projet hydroélectrique couvrant la RDC, le Rwanda et le Burundi. Autre dossier, celui de la société américaine KoBold Metals qui a obtenu des permis de recherche sur le sol congolais. Ces autorisations doivent permettre de déterminer l’existence de gisements économiquement exploitables et d’évaluer leur potentiel technique et commercial.

Et ce n’est pas fini. Washington affirme que le virage de la RDC vers les États-Unis, et son possible éloignement de la Chine, a entraîné une hausse des opportunités de contrats. Pour sa part, Kinshasa, montre toutefois des signes de prudence ces derniers jours. D’où le retard dans la signature du cadre régional économique entre Kinshasa, Washington et Kigali. Kinshasa espère encore une plus grande implication américaine dans le dossier sécuritaire.

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