Ile Maurice: Un «bouquet énergétique» pour sécuriser le réseau et accélérer la transition énergétique

Considérant la hausse de la demande en électricité, la capacité limitée du réseau et l’objectif d’atteindre 60 % d’énergies renouvelables d’ici 2035, un plan axé sur la transition et la sécurité énergétiques du pays a été présenté au Conseil des ministres le 31 octobre par le ministre de l’Énergie et des services publics, Patrick Assirvaden.

Élaboré en collaboration avec le Central Electricity Board (CEB), la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA) et l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), ce plan couvre à la fois la transition énergétique et la sécurité énergétique à court et long terme. Les divers projets destinés à renforcer la production locale et accélérer la transition permettront d’ajouter environ 277,5 mégawatts de capacité renouvelable installée au cours des prochaines années, avec une priorité donnée au solaire, à l’éolien et à la biomasse. Les projets du «bouquet énergétique» ont été présentés lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 5 novembre au siège du ministère.

Le stockage d’énergie est au coeur de la stratégie énergétique nationale. «D’ici juin 2026, des batteries de 20 MW déjà acquises cette année seront connectées au réseau, offrant trois heures d’autonomie, soit l’équivalent de la durée des pics de demande. – 18 h et 21h». Désormais, fait ressortir le ministre, tous les nouveaux projets solaires compteront des batteries pour garantir la stabilité du réseau. Le CEB adapte également ses programmes de production décentralisée — toitures solaires (SSDG) et projets moyens (MSDG) — afin d’y inclure le stockage et un tarif horaire différencié (time-of-use tariff), d’abord destiné aux grands consommateurs commerciaux volontaires. Ces mesures permettront de mieux gérer les pics de consommation et de renforcer la résilience du réseau électrique.


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Le plan solaire du pays comprend plusieurs initiatives, notamment le projet de Tamarind Falls, où des panneaux solaires flottants de 17,5 MW seront accompagnés d’un système de stockage de 12 MW, réalisé en partenariat avec la National Thermal Power Corporation Ltd (Inde) dans le cadre d’un accord gouvernement à gouvernement.

Dix projets solaires au sol de 10 MW chacun viendront renforcer le réseau, totalisant 100 MW, tandis que trois grands projets solaires de 40 MW chacun ajouteront 120 MW supplémentaires. Il ne s’agit pas d’un unique projet massif de 100 MW, car en cas de panne d’un ou deux sites, les autres continueront de fonctionner, assurant ainsi une meilleure résilience du réseau.

Le ministère de tutelle est en discussion avec le ministre de l’Agro-industrie et le Sugar Investment Trust (SIT) afin de déterminer quels terrains sont disponibles pour la réalisation de ces projets, évitant ainsi aux investisseurs de longues attentes et tout retard dans leur mise en oeuvre.

Le plan inclut également un programme d’agrisolaire hybride, combinant production agricole et énergie solaire pour une capacité cumulée de 40 MW. Le CEB révise actuellement son scheme afin de permettre aux exploitations agricoles d’installer jusqu’à 4 MW, contre 500 kW auparavant, répondant ainsi à une demande notable des planteurs. Ils pourront produire de l’énergie tout en contribuant à la sécurité alimentaire, offrant ainsi un double bénéfice à la fois énergétique et agricole.

Le projet de la ferme éolienne de Plaine-des-Roches est de nouveau sur les rails, a indiqué le ministère, après près d’une décennie sans évolution. L’extension de la ferme est désormais engagée et les démarches pour mettre le terrain à disposition du CEB, en coordination avec le ministère du Logement et des terres, sont presque achevées.

Le site présente plusieurs avantages : une partie de la ferme existe déjà, la qualité du vent y est bien connue et la connexion au réseau est établie, ce qui permet d’installer rapidement de nouvelles éoliennes, a souligné Patrick Assirvaden. La capacité de ce nouveau parc sera de 15 à 20 MW et il sera équipé de systèmes de stockage (BESS). Selon le ministre, cela fera de Plaine-des-Roches un centre d’innovation pour les énergies renouvelables.

Dans le cadre de la réduction graduelle de la dépendance au charbon, la biomasse constitue une alternative prometteuse. La mise en oeuvre du National Biomass Framework encourage l’utilisation de copeaux de bois ainsi que d’autres sources locales renouvelables pour la production d’électricité. Plusieurs producteurs indépendants, dont Terra, Alteo et Omnicane, se sont déjà engagés dans cette démarche.

Le ministère prévoit d’accompagner l’ensemble des producteurs dans cette transition. «La biomasse a un fort potentiel. L’île de la Réunion l’utilise déjà, mais elle brûle des pellets beaucoup plus coûteux, ce qu’elle peut se permettre. Le sujet pourrait être abordé dans le cadre d’un accord avec l’AFD lors de la visite du président Emmanuel Macron. (…) Disposant de moyens plus limités, nous envisageons de réduire de 50 % l’usage du charbon dans les prochaines années, principalement chez les producteurs indépendants (IPP), tandis que l’État utilise principalement du fioul lourd», a indiqué Patrick Assirvaden. Le National Biomass Framework sera accéléré pour soutenir cette transition. «Nous avons identifié que la biomasse sera importée d’Afrique du Sud, le peu disponible localement sera utilisé, mais les ressources restent très limitées.»

Afin de renforcer la sécurité énergétique à long terme, le CEB prévoit la mise en service de turbines à gaz à cycle combiné alimentées au gaz naturel liquéfié (GNL), d’une capacité de 450 à 500 MW. «C’est un gros projet coûteux et l’État mauricien ne dispose pas encore de la technologie nécessaire. (…) Nous envisageons de le réaliser par phases. Le CEB prévoit de recruter prochainement un consultant afin d’obtenir des lignes directrices et un accompagnement. Des discussions ont été engagées avec l’Inde, des échanges d’informations ont lieu avec le Japon et des opportunités du Qatar sont également étudiées»

Le but est de garantir une transition énergétique planifiée, structurée et irréversible. La prochaine étape consiste à lancer les appels d’offres afin de permettre aux différents acteurs économiques, locaux ou internationaux, de fournir les mégawatts nécessaires, au moment où ils seront requis.

Par ailleurs, Patrick Assirvaden a annoncé qu’une loi-cadre sur les énergies renouvelables sera prochainement présentée au Parlement. Cette loi devrait permettre de réguler le secteur, d’établir des normes claires de qualité et de performance.

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