Cameroun: Au deuxième jour des «villes mortes», la mobilisation contrastée à travers le pays
Ce mercredi 5 novembre est le troisième et dernier jour des « villes mortes », mot d’ordre décrété par l’opposant Issa Tchiroma. Le président du FSNC continue de revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. Dans les régions, le mot d’ordre de « villes mortes » a été diversement suivi mardi à travers le pays. Si certaines villes du nord, de l’est et de l’ouest y adhèrent presque totalement, des régions comme le centre et le sud ne semblent pas concernées. Douala, épicentre des tensions, montre des signes de reprise timide.
À Garoua, dans le Grand Nord, le fief d’Issa Tchiroma, l’instigateur des villes mortes, certains petits commerces ont rouvert mardi soir. Mais les grands axes sont restés très peu fréquentés. Les marchés, eux, restent fermés. La situation est similaire à Maroua où le marché central est vide depuis lundi.
Dans la région de l’est, à Bertoua, Batouri et Garoua-Boulaï, l’appel à la ville morte est quasi respecté. Cependant, dans des villes comme Abong-Mbang ou Yokadouma, le mot d’ordre n’a pas eu d’impact significatif.
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À l’ouest, on observe dans la ville de Mbouda la fermeture quasi totale de son marché, là aussi depuis lundi. À Bafoussam, le chef-lieu de la région, les boutiques du marché central sont fermées, mais les vendeurs de vivres frais sont bien présents. Contrairement à la semaine dernière, quelques établissements scolaires ont ouvert leurs portes, même si très peu d’élèves s’y sont présentés.
Une reprise timide à Douala tandis que la capitale fonctionne quasi normalement
La reprise semble timide à Douala, où certains commerces commencent à ouvrir, même si plusieurs marchés restent fermés malgré la menace du maire de sceller les boutiques qui respectent le mot d’ordre de ville morte. Une réunion fermée pour travailler la désescalade s’est tenue mardi à la préfecture de Douala. Mais c’est à Limbé, dans le sud-ouest anglophone, que les autorités sont passées à l’acte en apposant des scellés sur des commerces qui étaient restés fermés mardi.
Depuis le début des villes mortes, Yaoundé, la capitale fonctionne quasi normalement. Mais aucune agence de voyage n’est en service ici comme dans toutes les grandes villes. Pour rallier Yaoundé en partant de Bafoussam ou de Bertoua, il faut recourir aux véhicules personnels en faisant de l’auto-stop, à un prix avoisinant les 10 000 francs par personne.
Le prix des produits de première nécessité en forte hausse Les prix des denrées de première nécessité commencent à grimper en flèche dans les marchés de la capitale. Il faut parfois débourser le double du prix habituel pour obtenir des oignons et des arachides. Dans certaines boucheries, un surplus de 2 000 francs CFA est demandé sur le prix du kilogramme de viande de boeuf.
Sur les marchés de Yaoundé, les femmes font leurs achats, la boule au ventre. « L’arachide a aussi déjà grimpé ? », demande une femme. « Il y a l’arachide au nord, mais rien ne monte », lui répond-on. Après quelques tours au marché du Mfoundi, Marina a dépensé de l’argent, mais son panier demeure léger à son goût. « Presque tout a augmenté : l’oignon de 500 francs CFA. Samedi dernier, il n’y avait même de tomates. Tu vas faire le marché avec 25 000 francs CFA et tu as un sac complètement vide. Finalement, on va se retrouver comme ça à manger le gravier dans les marmites », explique-t-elle.
À la boucherie du marché du Mfoundi, les fréquentations des clients commencent à se faire rare. Le prix du kilogramme de boeuf a quasiment doublé ici. Les boeufs proviennent pour l’essentiel du nord du pays. « Les voitures ne viennent plus dans la ville avec les bêtes. Les routes sont bloquées. C’est pour cela que la viande est devenue chère. Souvent, on achète en gros, 2 200-2 300 francs. Maintenant, c’est passé à 4 500, voire 5 000 francs. Le problème est parti de la crise postélectorale. Avant, c’était moins cher. 4 500 francs, c’est cher, mais si on ne fait pas ainsi, on n’aura pas de bénéfices », déclare ce boucher.
D’autres produits comme le gaz domestique connaissent aussi une hausse au gré de certains revendeurs. Dans un communiqué rendu public en fin de semaine dernière, le ministre du Commerce dénonçait déjà des « hausses abusives et injustifiées des prix ».



