Les exportations d'oranges égyptiennes bousculées par les bons prix du jus

La prochaine saison d’exportation des oranges égyptiennes se prépare, elle débutera d’ici à quelques semaines, mais elle inquiète déjà certains acteurs de la filière. L’Égypte est le premier exportateur mondial d’oranges fraîches, mais fait face à des défis de plus en plus nombreux.

Parmi les défis qui se posent depuis longtemps et qui restent d’actualité, il y a la production d’oranges de meilleure qualité. La majorité des fruits égyptiens sont encore trop petits et ont tendance à reverdir en fin de saison quand la chaleur devient trop forte dans les vergers. Le climat est une des limitations pour la production égyptienne.

D’autres défis sont plus récents, comme la reconquête du marché asiatique, qui a périclité suite à la baisse du trafic maritime sur le canal de Suez, ou encore le développement de l’industrie du jus dans le pays. Le marché mondial a offert des prix très rémunérateurs ces deux dernières années, qui ont grimpé à partir de fin 2022  jusqu’à 7 000 dollars la tonne à l’automne 2024. Les entrepreneurs égyptiens ont saisi l’opportunité et doublé les capacités de transformation du pays, pour atteindre 600 000 tonnes en 2024/2025.

De nouvelles usines devraient encore ouvrir en 2026. Il y a désormais une véritable compétition interne, entre le secteur du frais et celui du jus qui est à la recherche de volumes à traiter et qui continue à payer un prix intéressant même s’il a été divisé par deux par rapport à son pic. Cette compétition va obliger le pays, historiquement numéro 1 mondial de l’orange fraîche, à réguler son marché. « L’Égypte est aujourd’hui à la croisée des chemins » résume Éric Imbert chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Concurrence sud-africaine très limitée

L’Afrique du Sud qui a vu ses exportations aux États-Unis baisser en raison des droits de douane, pourrait-elle faire de l’ombre à l’Égypte ? C’est ce qu’estiment des exportateurs égyptiens. Mais les ventes sud-africaines vers les États-Unis ont simplement baissé, et surtout, elles ne représentent en moyenne que 50 000 tonnes, un volume relativement marginal. L’autre élément essentiel, c’est que la production d’Égypte arrive entre janvier et mai, alors que les oranges sud-africaines sont disponibles, en Europe, entre juillet et octobre.

« L’Afrique du Sud n’a pas gêné et ne devrait pas gêner la commercialisation future des oranges d’Égypte » estime l’expert du Cirad. Si les Égyptiens ont moins exporté cette année vers l’Europe – 425 000 tonnes contre 573 000 tonnes en 2023/2024 – c’est avant tout qu’ils ont moins produit par rapport à l’année d’avant, qui était une année exceptionnelle, que leurs fruits manquent toujours de compétitivité et que l’attractivité du jus reste toujours très forte. 

Une année record pour l’Afrique du Sud

Si les Égyptiens ont peur de voir le marché se rétrécir, c’est qu’il y a eu, dans les faits, beaucoup d’oranges sud-africaines sur le marché. L’Afrique du Sud a fait en 2025 ses meilleurs chiffres. Le pays a exporté, entre juin et octobre, 95 millions de colis de 15 kilos d’oranges fraîches, un record rendu possible grâce à la production des nouveaux vergers qui ont vu le jour ces dernières années sur 5 000 ha. Une partie de ces volumes sont arrivés en Europe : l’Afrique du Sud a profité de la moindre production espagnole pour prendre des parts de marché, sans pour autant prendre la place de l’Égypte.

La saison qui va démarrer offre même des opportunités. La récolte espagnole s’annonce toute petite, et ne pourra pas être comblée par le Maroc, « le marché européen s’annonce donc très ouvert pour l’Égypte » selon Éric Imbert.

À lire aussiCrise en mer Rouge: l’orange égyptienne privée de ses débouchés asiatiques

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close