Mali: L'imam Mahmoud Dicko pour négocier avec le Jnim ?

Le nom de l’ex-président du Haut conseil islamique du Mali revient dans les discussions alors que le pays vit une crise du carburant orchestrée par le Jnim.

Au Mali, l’imam Mahmoud Dicko serait-il l’homme providentiel pour mettre fin à la crise de carburant qui frappe le pays depuis début septembre ? C’est en tout cas ce que pensent certains Maliens. Et le nom de l’ex-président du Haut conseil islamique du Mali revient dans de nombreuses discussions alors que le pays fait face à une pénurie d’hydrocarbures sans précédent, provoquée par un blocus du Jnim, groupe terroriste affilié à Al-Qaeda, sur les routes d’approvisionnement de la capitale.

L’influent leader religieux, à l’origine du mouvement qui a provoqué la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keita, vit depuis bientôt deux ans en exil en Algérie, en raison de ses relations tendues avec les autorités militaires de Bamako.

Or, l’imam Mahmoud Dicko a la réputation d’avoir de l’expérience dans les négociations avec les groupes armés.


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Ainsi, Maliens en sont convaincus : l’imam Mahmoud Dicko serait disposé à jouer un rôle de médiateur dans la crise du carburant qui affecte plusieurs secteurs d’activités à Bamako et dans le reste du Mali.

Une expérience avec les groupes armés

L’imam Dicko a été, en 2013, à l’origine de la libération de 160 militaires maliens alors aux mains des groupes armés qui avaient occupé les régions du nord en 2012. C’est lui qui était parvenu à convaincre Iyad Ag Ghaly, alors chef d’Ansar Eddine, de délivrer les FAMa que les terroristes avaient fait prisonniers quelques mois plutôt.

Pour Maciré Diop, journaliste et spécialiste des questions sécuritaires, l’imam Mahmoud Dicko pourrait donc contribuer à faciliter des canaux de discussion avec le Jnim.

Selon lui, « c’est vrai que par le passé, il a eu à mener des actions qui ont pu aboutir ou pas, mais c’est un monde qui est en perpétuel changement et c’est très dynamique. On ne peut pas dire que les connexions qu’on avait auparavant soient les mêmes aujourd’hui. Mais, néanmoins, je pense que ça peut être une carte jouable à condition que les ingrédients soient réunis. »

En 2016, l’imam Mahmoud Dicko avait été mandaté par le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita pour conduire une mission de « bons offices » en vue de la mise en oeuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Il dira plus tard qu’Iyad Ag Ghaly avait accepté les principes d’un dialogue avec le pouvoir de Bamako.

« Etablir un lien entre les autorités et les djihadistes »

Kassim Keita, membre du Conseil national de transition, rappelle que l’imam Mahmoud Dicko n’a jamais fait l’objet de poursuites. Pour ce proche du pouvoir, la médiation du religieux serait donc la bienvenue.

Il note que « l’imam n’a pas été exclu par les autorités de la transition, il est parti, à mon avis, de son plein gré. Il peut donc intervenir à tout moment pour ramener la paix dans le pays, même s’il n’a pas été contacté par les autorités de la transition. Il pourrait ainsi établir un lien entre les autorités et les djihadistes. »

Ce lundi, lors de l’inauguration de la deuxième mine de lithium du Mali, le président de la transition, le général d’armée Assimi Goita a indiqué que « les terroristes sont en mission commandée de l’impérialisme et du néocolonialisme. Ils sont en mission, mais ça ne marchera pas. »

Et Kassim Keita rappelle aussi que c’est en raison de l’échec des différents pourparlers de paix avec les groupes armés que les autorités de la transition ont décidé d’aller vers la solution des « armes et de la guerre ».

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