Tanzanie : Le cauchemar des touristes bloqués dans les aéroports


Des centaines de touristes, dont de nombreux Français, sont restés bloqués plusieurs jours dans les aéroports de Tanzanie après les violences post-électorales qui ont suivi la réélection contestée de Samia Suluhu Hassan. Coupés d’Internet et privés d’informations, les voyageurs ont vécu un véritable cauchemar avant d’être progressivement rapatriés. Une crise politique qui met le pays sous tension et alarme la communauté internationale.
La Tanzanie traverse une période de forte agitation politique. La réélection, hautement contestée, de la présidente Samia Suluhu Hassan avec près de 98% des voix, a déclenché des violentes manifestations dans le pays depuis le mercredi 29 octobre. Ces violences post-électorales ont eu une conséquence directe et dramatique pour les voyageurs : la suspension des vols internationaux par certaines compagnies, laissant des centaines de passagers, dont de nombreux Français, bloqués dans les aéroports. Entre angoisse, manque d’informations et conditions d’attente spartiates, le calvaire des voyageurs à l’aéroport du Kilimandjaro et de Zanzibar illustre la gravité de la crise.
Coupés du monde sur des banquettes d’aéroport
Le témoignage des touristes tout juste rapatriés dépeint une situation de détresse extrême. À l’aéroport du Kilimandjaro, notamment, près de 90 Français, dont 36 enfants, ont été bloqués pendant près de 50 heures. Les conditions d’attente étaient particulièrement difficiles. Benjamin, un touriste, a raconté à RMC avoir passé deux nuits « sur des banquettes d’aéroport très inconfortables, ou par terre », précisant que l’établissement était « un petit aéroport international, ce n’est pas Orly ni Roissy ».
Odile, une autre voyageuse, confiait sa fatigue et son soulagement d’être enfin de retour. La coupure d’accès à Internet, imposée par le gouvernement pour réprimer les manifestations, a plongé les passagers dans une anxiété totale, sans nouvelles de leurs proches ni des développements à l’extérieur.
Air France et le sentiment d’abandon des passagers
L’incertitude a été aggravée par la suspension des liaisons par Air France dès mercredi 29 octobre. Face à l’absence de nouvelles et au silence de la compagnie, des passagers ont déploré s’être sentis « complètement à l’abandon ». Ils ont tenté de faire pression pour l’affrètement d’un vol spécial pour leur rapatriement.
Finalement, plusieurs vols entre le Kilimandjaro et Paris ont eu lieu ce samedi 1ᵉʳ novembre, permettant le retour d’une partie des touristes. La compagnie aérienne affirme de son côté mettre tout en œuvre pour assurer le retour de ses clients dans les meilleurs délais. Cependant, plusieurs dizaines de passagers attendaient toujours leur billet retour au moment de la reprise partielle des vols.
Les vies perdues et l’appel à une enquête impartiale
Le contexte politique derrière ce blocage est extrêmement sérieux. Les manifestations contre la réélection de Samia Suluhu Hassan, qui a déclaré que son gouvernement « condamne fermement » les protestations, ont sombré dans la violence. Les partis d’opposition font état de plus de 700 morts, un chiffre contesté par le pouvoir. Face à cette situation, la communauté internationale a rapidement réagi. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé une « enquête minutieuse et impartiale » sur les accusations d’utilisation excessive de la force par les autorités.
L’Union africaine (UA), félicitant la présidente réélue, a dit « regretter profondément les vies perdues ». De même, l’Union européenne a appelé dimanche les autorités tanzaniennes à la « retenue » pour préserver des vies. Les infortunés voyageurs espèrent désormais que le calme reviendra pour permettre un retour à la normale dans les plus brefs délais.
