Élections en Guinée-Bissau: «Le régime en place est en train de créer les conditions pour se garantir une victoire»

La campagne électorale en Guinée-Bissau a commencé ce week-end et pour trois semaines.Les électeurs vont élire, le 23 novembre, leur président et 102 députés. Douze candidats, dont le chef de l’État sortant Umaro Sissoco Embaló, se présentent à la présidentielle. La campagne, qui va durer trois semaines, s’est ouverte dans un contexte particulier. La candidature du principal parti d’opposition, le PAIGC, parti de l’indépendance, a été retoquée, les manifestations et rassemblements sont interdits depuis un an, le pouvoir a annoncé une tentative de déstabilisation vendredi 31 octobre. Autant d’éléments qui mettent le président sortant en position de force, estime Paulin Maurice Toupane, chercheur principal à l’institut d’études de sécurité de Dakar.
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La campagne pour les élections présidentielle et législatives du 23 novembre en Guinée-Bissau s’est ouverte samedi 1er novembre en l’absence inédite du parti historique ayant mené à l’indépendance, le PAIGC, et de son candidat, Domingos Simoes Pereira, principal opposant à l’actuel président.
Les 860 000 électeurs bissau-guinéens seront appelés à choisir entre 12 candidats en lice pour la présidentielle, dont le président sortant Umaro Sissoco Embalo, qui brigue un second mandat, et l’ancien président José Mario Vaz (2014-2020).
Quatorze partis dont une coalition, la plate-forme Nô Kumpu Guiné qui soutient la candidature du président Embalo, vont concourir pour les 102 sièges du Parlement.
Le PAIGC absent du scrutin pour la première fois depuis 1974
À quelques heures du début de la campagne, l’armée a annoncé vendredi avoir déjoué une « tentative de subversion de l’ordre constitutionnel » et l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs. Elle n’a pas précisé le nombre d’officiers arrêtés ni les actions préparées par ces militaires, dont plusieurs sont en fuite, selon elle.
Pour la première fois depuis l’indépendance de ce pays lusophone d’Afrique de l’Ouest en 1974, le PAIGC ne participera pas au scrutin.
La stabilité politique est un des enjeux majeurs de ce scrutin, dans un pays qui a connu depuis son indépendance du Portugal quatre coups d’État, 17 tentatives de putschs et une valse des gouvernements.
Ce sera la première fois que la Guinée-Bissau organise les élections sans le principal parti de l’opposition actuellement et qui s’est battu pour l’indépendance du pays, notamment le PAIGC, mais aussi le PRD, qui est le deuxième parti politique en Guinée-Bissau. La deuxième particularité, il me semble que c’est la première fois que la Guinée-Bissau organise des élections sans le soutien financier des partenaires au développement. Mais ce financement souverain soulève des questionnements auprès de l’opinion publique nationale, notamment sur l’origine des fonds. Et ensuite, on note aussi l’absence d’un accompagnement international. Il n’y a pas actuellement en Guinée-Bissau des missions d’observation électorale de long terme. Seules des missions d’observation de court terme sont prévues pour superviser ces élections. Et enfin, la troisième exception est liée à l’atmosphère tendue marquée par l’annonce d’une tentative de coup d’État, l’arrestation de militaires. Donc voilà, le climat de façon générale et l’organisation du processus électoral renforce l’idée selon laquelle, effectivement, le régime en place est en train de créer les conditions pour garantir une victoire à ces deux scrutins.
L’analyse de Paulin Maurice Toupane, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité de Dakar
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