Le procès de l’ancien président congolais Joseph Kabila s’est ouvert ce vendredi devant la Haute cour militaire à Kinshasa. Il est accusé de haute trahison.
L’ancien président congolais Joseph Kabila, également sénateur à vie, est poursuivi par la justice pour haute trahison. Son procès s’est ouvert ce vendredi (25.07).
Devant la Haute cour militaire à Kinshasa, le ministère public le poursuit pour son implication présumée dans un mouvement insurrectionnel, pour crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, ainsi que pour des faits de trahison, homicide par arme à feu, apologie, viol, torture, déportation et occupation militaire de la ville de Goma.
Joseph Kabila étant absent à l’audience, le ministère public a sollicité et obtenu de la cour le jugement par défaut, ouvrant ainsi la voie à la poursuite de la procédure.
La défense veut plus de temps pour se préparer
Mais les avocats de la République, qui sont là pour défendre l’Etat congolais, tandis que Joseph Kabila n’avait pas de représentant, ont demandé et obtenu un renvoi, afin de mieux connaître le dossier.
Le bâtonnier Laurent Kalengi, un de ces avocats, estime que l’« on ne peut pas venir directement, sans prendre connaissance des pièces du dossier, commencer à plaider et demain matin, il y aura un jugement. Nous devons prendre connaissance, nous imprégner du dossier, avant de pouvoir poser nos actes en tant qu’avocats ».
Pour Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), ce procès contre l’ancien président serait un simulacre, car il ne viserait qu’à écarter un acteur majeur pour le retour de la paix dans le pays.
« On comprend bien que la crise ici est voulue par le pouvoir, dit-il. Elle est en train d’être instrumentalisée par le pouvoir, pour se débarrasser des personnes qu’on ne veut pas voir dans les enjeux de l’heure, pour que la paix revienne et que la paix soit durable. »
Une première en RDC
C’est la première fois qu’un ancien président de la République est poursuivi devant la justice en RDC. Ce procès est donc suivi de près par la population congolaise.
Un procès qui, selon Dieudonné Mushagalusa, coordonnateur du panel des experts de la société civile, risque de briser davantage la cohésion nationale, alors que le pays traverse une situation difficile.
Il note que « c’est un procès qui ne va rien apporter en termes de réconciliation, en termes de cohésion, en termes de rétablissement et de retour de la paix dans notre pays. Et donc, pour la société civile, nous pensons que c’est un procès purement inutile et politique qui ne va rien apporter dans le contexte actuel du pays ».
La Haute cour militaire, siégeant en matière pénale, a renvoyé le procès au 31 juillet pour permettre à toutes les parties de bien se préparer.