L’Algérie, pionnière de la reconnaissance de la Palestine que Macron s’apprête à officialiser

Drapeaux Palestine, Algérie France
Drapeaux Palestine, Algérie France

Alors qu’Emmanuel Macron annonce la reconnaissance française de l’État palestinien pour septembre, le continent africain fait figure de précurseur. Dès 1988, l’Algérie accueillait la proclamation d’indépendance de Yasser Arafat, déclenchant une vague de reconnaissances qui s’étend aujourd’hui à la quasi-totalité des pays africains.

Jeudi 24 juillet, le président de la République française Emmanuel Macron a annoncé que la France allait reconnaître l’État de Palestine à partir de septembre. Cette décision a déjà été prise par une majorité de pays dans le monde, en application des résolutions de l’ONU. Sur ce point, le continent africain a été un acteur incontournable et précurseur.

L’Algérie, terre fondatrice de l’État palestinien

La base d’un État de Palestine a été posée le 15 novembre 1988 en Algérie, dans un contexte hautement symbolique. C’est à Alger que Yasser Arafat, chef historique de la lutte palestinienne alors en exil, proclama l’indépendance de la Palestine lors d’une session extraordinaire du Conseil national palestinien. Cette proclamation historique s’appuyait sur la résolution 181 de l’ONU de 1947, qui prévoyait le partage de la Palestine mandataire en deux États.

Le choix de l’Algérie n’était pas anodin. Ancienne colonie française ayant conquis son indépendance en 1962 après une guerre de libération sanglante, l’Algérie entretenait des liens de solidarité naturels avec la cause palestinienne. Le président algérien Chadli Bendjedid avait d’ailleurs offert l’hospitalité au mouvement de libération palestinien, considérant que les deux peuples partageaient une même lutte contre l’occupation et pour l’autodétermination.

Une reconnaissance en cascade à travers le continent

Cette proclamation entraîna une première vague de reconnaissance immédiate. Le jour même, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ainsi que la République arabe sahraouie démocratique reconnaissaient officiellement l’État palestinien. Madagascar et la Zambie ont emboîté le pas dès le lendemain, témoignant de la solidarité panafricaine envers la cause palestinienne.

En moins d’une année, la Palestine fut reconnue par la grande majorité des pays du continent africain. Cette dynamique s’inscrivait dans l’esprit de solidarité des peuples du Sud et des anciennes colonies, qui voyaient dans la lutte palestinienne un écho à leurs propres combats pour l’indépendance et la souveraineté.

L’Afrique du Sud a rejoint ce mouvement plus tardivement, en 1995, après l’élection de Nelson Mandela comme premier président noir du pays. Mandela, qui avait lui-même lutté contre l’apartheid, établissait un parallèle évident entre l’oppression subie par son peuple et celle endurée par les Palestiniens. Il s’était d’ailleurs rendu à Gaza en 1999, affirmant que « notre liberté n’est pas complète sans la liberté des Palestiniens« .

Aujourd’hui, sur l’ensemble du continent africain, seuls le Cameroun et l’Érythrée n’ont pas encore reconnu officiellement l’État de Palestine, faisant du continent le plus unanime au monde sur cette question.

Cette reconnaissance massive ne change néanmoins pas la réalité sur le terrain et l’occupation par Israël du territoire palestinien. Cependant, une reconnaissance internationale affirme un principe fondamental : que les négociations indispensables à la résolution du conflit ne peuvent porter sur la qualité d’État de la Palestine, mais sur les modalités concrètes de coexistence avec Israël. En ce sens, l’Afrique a posé les jalons d’une approche qui gagne aujourd’hui du terrain en Europe et dans le monde occidental.

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