Niger : que devient Mohamed Bazoum, prisonnier du pouvoir depuis deux ans ?

Mohamed Bazoum, Président déchu du Niger
Mohamed Bazoum, Président déchu du Niger

Deux ans après le coup d’État au Niger, Mohamed Bazoum demeure prisonnier du régime militaire au sein du palais présidentiel, dans des conditions qualifiées d’inhumaines. Malgré l’isolement et les poursuites jugées politiques, l’ancien président incarne toujours un symbole de résistance et de légitimité institutionnelle dans une région minée par les ruptures démocratiques.

Depuis le 26 juillet 2023, le Niger vit sous le joug d’un régime militaire qui a brutalement interrompu le mandat démocratiquement élu de Mohamed Bazoum. Deux ans plus tard, l’ancien président est toujours séquestré dans le palais présidentiel de Niamey, avec son épouse Hadiza, sans aucun accès à sa famille, à ses avocats ou au grand public. Cette détention, jugée arbitraire par plusieurs institutions internationales, devient de plus en plus emblématique du recul démocratique dans la région.

Un isolement total, une résistance silencieuse

Couple reclus dans deux pièces exiguës, sans sortie à l’air libre, sans accès aux soins ou aux soutiens humains élémentaires : le quotidien de Mohamed Bazoum et de sa femme s’apparente aujourd’hui à une forme de réclusion politique extrême. Malgré cela, l’ancien président refuse de céder aux pressions de la junte et persiste dans son refus de démissionner, symbolisant pour beaucoup l’un des derniers bastions de légitimité institutionnelle dans le pays.

En juin 2024, une cour nigérienne a levé son immunité présidentielle, ouvrant la voie à des accusations de « haute trahison » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Des accusations que ses défenseurs qualifient de fabriquées et motivées uniquement par des considérations politiques. L’ONU, la CEDEAO et plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, ont dénoncé des violations flagrantes des droits humains et exigé sa libération immédiate. En vain.

Une junte en quête de légitimité, mais de plus en plus isolée

Alors que le Niger s’est retiré de la CEDEAO aux côtés du Mali et du Burkina Faso, les nouvelles autorités peinent à faire taire les critiques. Répression de la dissidence, musellement des médias, blocage de la transition démocratique : la junte d’Abdourahamane Tiani s’enfonce dans une gouvernance autoritaire sans horizon électoral clair. Le maintien en détention de Mohamed Bazoum, malgré les injonctions de la communauté internationale, envoie un message fort : celui du rejet total des mécanismes de droit.

Mohamed Bazoum, premier président issu d’une minorité arabe au Niger, élu démocratiquement en 2021, incarne aujourd’hui une lutte plus large : celle de la souveraineté populaire face à la prise du pouvoir par la force. Sa situation soulève une question brûlante pour l’Afrique de l’Ouest : peut-on encore espérer un retour à l’ordre constitutionnel dans une région de plus en plus déstabilisée par les coups d’État militaires ?

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