Afrique: Afreximbank harmonise les règles et forme l'élite de la conformité pour le commerce africain

Alors que le commerce intra-africain s’accélère, la conformité réglementaire est devenue le moteur essentiel de sa crédibilité et de son expansion. L’African Export-Import Bank (Afreximbank) mène une offensive stratégique sur plusieurs fronts, dont la formation d’une nouvelle élite de professionnels de la conformité et l’harmonisation des exigences sur le continent régi par une mosaïque de lois. Pour nous éclairer sur cette stratégie en « double hélice », notre investigation s’est tournée vers Idrissa Diop, le Directeur de la Conformité (Compliance Director) de la Banque, qui a accepté de répondre à nos interrogations.
Le Forum ACF : carrefour de la réglementation africaine
Le Forum Afreximbank sur la Conformité (ACF) sert de plateorme essentielle où se forgent les engagements, sous le thème récurrent « Meilleure conformité, Meilleur commerce » (Better Compliance, Better Trade). Ce rendez-vous annuel met en lumière les enjeux critiques de l’heure : l’édition récente (ACF 2024) s’est tenue à Dakar, au Sénégal, et a mis l’accent sur les implications des exigences du GAFI (Groupe d’Action Financière) concernant l’identification du Bénéficiaire Effectif (UBO).
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L’édition prochaine (ACF 2025), prévue à Kigali, au Rwanda, placera l’Intelligence Artificielle (IA) au cœur des débats pour transformer la gouvernance financière et la lutte contre la criminalité financière. C’est précisément dans l’esprit de ces rencontres thématiques, souligne M. Diop, que réside la nécessité d’une action stratégique continue qui doit se poursuivre bien au-delà des échanges du Forum.
La nouvelle génération : créer un savoir panafricain
Interrogé sur la stratégie d’Afreximbank pour développer la prochaine génération de professionnels de la conformité face aux risques émergents (cybercriminalité, financement lié au changement climatique), M. Diop a mis en avant une initiative structurelle majeure : l’Association africaine des agents de la conformité.
Le Directeur a expliqué que cette initiative est née d’un besoin de souveraineté dans la connaissance, soulignant que « tous nos pays ont des lois et ces lois-là doivent être promues, on doit les divulguer aux gens et aux entreprises pour qu’ils les comprennent ». En faisant la promotion de cette association, la Banque espère disposer de techniciens qui « comprendront ce qui se passe dans le continent ».
M. Diop insiste sur l’importance de maîtriser les règles locales pour soutenir le commerce transfrontalier. Il est crucial, dit-il, que les professionnels apprennent « nos propres lois » afin de pouvoir mieux conseiller les entreprises et permettre aux banques d’éduquer en conséquence, au lieu d’« aller apprendre les réglementations des pays européens, etc. ».
Il donne un exemple concret de cette nécessité : « Si aujourd’hui, on veut prendre l’arachide du Sénégal pour la vendre en Tanzanie, il faut savoir quelles sont les conditions définies par la Tanzanie pour les vendre. » L’objectif est donc clair : fournir un socle de formation solide pour que le commerce africain soit soutenu par une maîtrise des règlements.
L’harmonisation : observateur pour une action locale
Concernant la manière dont Afreximbank travaille avec les régulateurs régionaux (GIABA, GABAC, etc.) pour harmoniser les exigences de conformité sans étouffer l’innovation, M. Diop a détaillé l’approche de collaboration étroite et d’observation stratégique de la Banque.
Pour garantir que ses opérations ne contreviennent jamais aux lois locales, Afreximbank s’engage activement auprès des autorités. M. Diop a confirmé l’implication de la Banque sur tous les fronts géographiques : « Afreximbank est observateur du GIABA (Afrique de l’Ouest) ; Afreximbank est observateur du GABAC (Afrique centrale) ». Il a également mentionné que la Banque a été acceptée comme observateur pour la zone qui couvre l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
Cette posture d’observateur est essentielle. Selon M. Diop, cela leur permet de « mieux comprendre les réalités locales et d’adapter notre business et nos activités en conséquence », car il est fondamental de ne pas faire des choses qui « vont aller à l’encontre de la loi ».
Grâce à cette compréhension approfondie, la Direction de la Conformité d’Afreximbank est en mesure d’offrir un conseil ciblé et précis aux équipes internes et aux partenaires. M. Diop explique que cette veille réglementaire se traduit par une alerte spécifique aux réalités régionales : la Banque conseille le business en soulignant les particularités propres à chaque pays. Ce processus garantit un apport et un support efficients qui respectent strictement les requis locaux de chaque marché africain.
En conclusion, à travers l’éclairage d’Idrissa Diop, il apparaît que l’avenir du commerce africain sera soutenu par une conformité de classe mondiale, bâtie sur l’éducation des professionnels locaux et l’harmonisation pragmatique des règles à l’échelle du continent.


