Présidentielle au Cameroun: attention à ce deepfake d’Ibrahim Traoré

Au Cameroun, le président sortant Paul Biya a finalement été réélu avec 53,66 % des voix, selon les résultats définitifs du Conseil constitutionnel. Depuis le scrutin du 12 octobre, la désinformation ne faiblit pas dans le pays. Ces derniers jours, un deepfake du capitaine burkinabè Ibrahim Traoré sème le doute sur les réseaux sociaux.
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Le chef de l’État burkinabè s’est-il adressé aux Camerounais, en pleine élection présidentielle, dans un long discours publié sur les réseaux sociaux ? C’est ce que laisse croire, à tort, une vidéo activement diffusée sur TikTok, Facebook et YouTube ces dernières heures. Durant plusieurs minutes, on pense y voir Ibrahim Traoré, face à un micro, en pleine déclaration officielle. On croit alors l’entendre évoquer la situation politique au Cameroun, critiquant ouvertement le régime en place.

Vérification faite, cette vidéo est artificielle. Le capitaine burkinabè n’a en réalité jamais prononcé un tel discours. Il s’agit d’un deepfake, un hypertrucage généré par intelligence artificielle. Plusieurs éléments visuels le prouvent à l’image des six doigts que compte l’une des mains d’Ibrahim Traoré.

Plusieurs mouvements étranges au niveau de ses paupières interrogent également. La synchronisation entre ses lèvres et les mots qu’il prononce comporte plusieurs incohérences. De plus, l’homme assis derrière Ibrahim Traoré, en arrière-plan, reste anormalement immobile durant près de vingt-huit minutes.

Des comptes pro-AES à la manœuvre
Grâce à une recherche par image inversée, nous avons retrouvé la chaîne YouTube à l’origine de ce deepfake. Si l’auteur ne précise pas qu’il s’agit d’une fausse déclaration générée par intelligence artificielle, la plateforme de vidéos en ligne indique dans un message d’avertissement : « le son ou les images ont été modifiés de manière significative ou générés numériquement ».

La chaîne YouTube en question diffuse quotidiennement des deepfakes d’Ibrahim Traoré ciblant la situation sociale politique des pays voisins. Des extraits de ces infox sont ensuite massivement diffusés, en plusieurs langues, sur les réseaux sociaux par un écosystème de comptes faisant la propagande de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ces contenus mensongers ne sont pas fabriqués à des fins de divertissement, contrairement à ce que certains veulent faire croire. Il s’agit d’un flot de désinformation et de propagande destiné à semer le trouble et à s’ingérer dans les affaires des pays de la région.



