Madagascar: Mandat d'arrêt et notice rouge – Stratégie de l'État malgache dans l'affaire Boeing

L’affaire Boeing, impliquant la manipulation frauduleuse de certificats d’immatriculation et de navigabilité pour cinq avions Boeing 777-212, a pris une ampleur, affectant les relations internationales de Madagascar et mettant en lumière l’étendue de la corruption dans son secteur aérien.

Mamy Ravatomanga, président-directeur général du groupe SODIAT, a été identifié comme l’un des suspects clés dans ce scandale de blanchiment d’argent. Il est soupçonné d’avoir touché des commissions dans le deal où l’argent a été transféré dans une management company à Maurice. Face à l’ampleur de l’affaire et aux risques géopolitiques qu’elle engendre, le gouvernement malgache a pris des mesures décisives pour résoudre ce dossier en sollicitant l’émission d’un mandat d’arrêt international contre Ravatomanga et une notice rouge d’Interpol.

Une manipulation d’envergure


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Le scandale commence en 2024, lorsque UDAAN AVIATION, une société fondée par des acteurs malgaches et étrangers, obtient cinq avions Boeing 777-212. Bien que ces appareils soient censés renforcer le transport aérien à Madagascar, ils se retrouvent dans une situation précaire : non immatriculés, non-opérationnels et documents nécessaires manquants pour leur mise en service. Pour régulariser leur situation, des Certificats d’immatriculation provisoire (CIP) et de navigabilité provisoire (CNP) sont délivrés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM) en janvier 2025, permettant ainsi aux avions de subir une maintenance au Kenya.

Cependant, une série de manipulations douteuses a été découverte lorsque des documents falsifiés ont été retrouvés, envoyés dans des pays comme le Cambodge et l’Iran. Des révélations ont permis de découvrir que les certificats délivrés par l’ACM avaient été modifiés, prolongeant leur validité pour permettre une exploitation illégale des avions en dehors du cadre législatif malgache. Il s’avère que Mamy Ravatomanga et d’autres acteurs influents, dont des responsables de l’ACM, auraient facilité ces manoeuvres en échange de paiements illicites, renforçant les soupçons de blanchiment d’argent.

Face à ce scandale de grande envergure, le gouvernement malgache, dirigé par les nouvelles autorités en place, a rapidement pris des mesures pour marquer son engagement dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Le doyen des juges d’instruction, Rojosoa Rakotonanahary, a ainsi émis un mandat d’arrêt international contre Mamy Ravatomanga le 16 octobre dernier, soulignant la gravité des accusations qui pèsent sur lui. Le mandat d’arrêt viserait à garantir que Mamy Ravatomanga réponde de ses actes devant la justice malgache, tout en envoyant un signal fort aux responsables de ce réseau de corruption.

Stratégie internationale : notice rouge d’Interpol

Le gouvernement malgache ne s’est pas contenté de l’émission d’un mandat d’arrêt national. Il a, par l’intermédiaire de la juriste Fanirisoa Ernaivo, mandatée pour suivre ce dossier à l’international, initié une demande de publication d’une notice rouge auprès d’Interpol. Ce mécanisme, utilisé par les pays membres d’Interpol, permet d’émettre un appel mondial à l’arrestation d’un individu recherché.

La notice rouge est une étape cruciale dans le processus d’extradition, facilitant ainsi la coopération entre les États pour localiser et capturer les fugitifs à l’échelle internationale. Elle sert de levier pour accélérer la procédure d’extradition de Mamy Ravatomanga, en coopération avec les pays où il se trouve, notamment Maurice, où il est soupçonné de s’être réfugié. Ce geste témoigne de la volonté de Madagascar de régler cette affaire en conformité avec les standards internationaux et de renforcer son image sur la scène mondiale, en particulier dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.

Après des décennies de lutte contre la corruption, les nouvelles autorités ont décidé de prendre à bras-le-corps l’affaire Boeing, démontrant ainsi leur détermination à restaurer la confiance des investisseurs étrangers et des partenaires internationaux.

Les déclarations de Fanirisoa Ernaivo, qui a assuré à l’AFP que le mandat d’arrêt avait bien été transmis à Interpol, ont marqué un tournant dans cette affaire en signalant la résolution de l’État malgache à ne pas laisser les responsables de cette fraude échapper à la justice. La Cellule anti-corruption et de lutte contre le blanchiment d’argent transnational, l’agence malgache en charge de ce type d’enquête, a également confirmé l’existence du mandat d’arrêt et la demande d’une notice rouge à Interpol, renforçant ainsi la légitimité et l’efficacité des démarches malgaches.

La coopération avec Interpol est essentielle pour la suite de cette affaire. Une fois la notice rouge activée, les autorités malgaches espèrent que Mamy Ravatomanga sera rapidement localisé et arrêté. L’étape suivante consistera à entamer les démarches d’extradition vers Madagascar, en vertu des traités internationaux signés avec d’autres pays. Si l’extradition est accordée, le suspect pourra enfin être jugé pour les crimes de blanchiment de capitaux, d’abus de pouvoir et d’autres délits financiers dont il est accusé.

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