Effectivement, c’était un événement que d’avoir, sur le plateau de la radio nationale, un représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports chargé de la direction générale des sports. Un homme expérimenté et qui a roulé sa bosse un peu partout, dans ce département que, malheureusement, on prend à la légère. Pourtant, les ministères des Sports, à travers le monde, sont les départements qui encadrent ces futures générations dont le pays a besoin.
C’est ce département qui prend au berceau l’enfant, lui apprend à marcher, sauter, courir, grimper, rouler en avant et en arrière, nager, combattre, se défendre et protéger autrui, se battre pour les couleurs nationales, souffrir et encaisser des coups à tuer un boeuf, tout accepter sur un ring de boxe, sur un tatami de judo, un tapis de lutte, pour prouver que son pays est le meilleur.
C’est le département jeunesse qui lui apprend à chasser, être sur le qui-vive, suivre une trace, trouver de l’eau, allumer un feu pour se nourrir et subsister dans un lieu isolé, à éteindre un départ de feu dans une forêt, à ramener à la vie une personne inconsciente dans l’attente de l’arrivée des secours. Les scouts sont de ceux qui ont juré d’être toujours disponibles, en tout moment et en tout lieu.
Mais arrêtons. Ce ministère est à la base de la formation de ces futures générations, qui sont réparties au niveau des autres lieux d’accueil et de formation de l’homme de demain. Et pour que cet encadrement soit total, les plus grandes nations sportives misent en priorité sur le milieu scolaire, pour tout projet d’envergure nationale. Nous l’avons constamment rappelé, mais nous ne savons pas, au moins, si cela a fait sourire.
Dans cette émission, on a bien voulu fournir quelques explications pour justifier les ratés et les faux démarrages. Comme d’habitude c’est la faute des «autres».
On parle encore de « dossiers » à préparer, alors que l’on est à l’ère de l’informatique et que cela concerne un champion du monde et olympique en puissance. De contrats, alors que le jeune s’arrache les tripes, se tue dans un bassin ou sur une piste. De dossiers, alors que plus des trois quarts des fédérations fonctionnent avec des bureaux provisoires, que les directeurs techniques sont assis entre deux chaises. De parents qui ont tout sacrifié, alors que ceux qui seront sur la photo d’accueil, seront toujours les mêmes.
A se demander, ce qu’aurait été le sport sans ces générations spontanées qui nous permettent de vivre des émotions incomparables. On se trompe d’époque.
Que ceux qui sont «responsables» de cette élite bougent. Qu’ils aillent voir, sans complexe, comment on s’organise pour faciliter la tâche de cette élite et lui éviter ces errements entre les bureaux.
Un champion du monde qui passe dix jours sous un soleil accablant pour activer son dossier ? C’est dix jours d’entraînement qui sont fichus !
Que, par solidarité et par acquis de conscience, des Tunisiens installés à l’étranger offrent spontanément leur aide à un champion perdu, cela ressemble à quoi?
Ne serait-ce que pour le cas de Ayoub Hafnaoui que nous avons perdu durant sa suspension, n’est-il pas légitime de se demander pourquoi ceux qui sont responsables de cette élite ne s’occupent pas de tout. Même de sa localisation qui lui a coûté cette suspension.
A quoi sert dans ce cas une fédération dès lors, peut-on se demander? Eh bien, elle vaut ce qu’elle vaut. Et il s’est avéré, qu’elle ne valait rien.
Pour cause, ces problèmes marginaux et ces luttes intestines, ce favoritisme et ces règlements de compte qui ont fini par détruire tout un programme.
Pourtant, à tous les niveaux, nous recevons les mêmes consignes. De la même personne : que l’administration se réveille et se mette au service du peuple.