RDC: à peine ouvert, le procès de l'ex-président Joseph Kabila renvoyé au 31 juillet

En République démocratique du Congo, le procès très attendu de Joseph Kabila s’est ouvert ce vendredi 25 juillet. L’ex-chef d’État, dont les immunités avaient été levées par les sénateurs en mai dernier, devait comparaitre dans la matinée devant la justice de son pays. Sans surprise, Joseph Kabila n’était pas à l’audience. L’affaire a été renvoyée au 31 juillet pour permettre aux avocats de la partie civile d’accéder aux pièces du dossier. 

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Avec notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi

Ce vendredi matin, l’audience a duré une petite heure avant qu’elle ne soit suspendue. Une audience assez courte donc et surtout très technique sur la forme. Pour l’examen du fond de cette affaire, il faudra encore attendre. Il y a eu la lecture des différents actes judiciaires : extrait de rôle, ordonnance de renvoi, citation à comparaitre.

La Cour a ensuite constaté l’absence du prévenu Joseph Kabila. Cela fait plus de deux ans que l’ex-chef d’État n’a pas été vu à Kinshasa. Les services de la justice ne l’ont pas trouvé dans sa résidence de la Gombe, ni à Kingagati. La justice a donc acté que l’ancien président serait jugé par défaut et qu’il n’y aura donc pas d’avocat de la défense.

En revanche, il y avait ceux de la partie civile, le collectif qui représente l’État congolais. Leurs avocats ont demandé une suspension pour prendre connaissance du dossier. Cette dernière a été acceptée par le juge qui a donc renvoyé l’affaire au 31 juillet.

Dans la salle ce matin, il y avait également beaucoup de journalistes et quelques observateurs. Le ministre de la Justice, Samuel Mbemba, s’est aussi présenté au début de l’audience. Mais aucun représentant du camp de Joseph Kabila ni de son parti politique, le PPRD, n’étaient présents.

Pour Aubin Minaku, vice-président du PPRD, le parti de Joseph Kabila, l’ouverture de ce procès est une décision « politique » pour tenter d’écarter l’ancien président Kabila de la scène politique, le pousser à une « retraite anticipée », Florence Morice de la rédaction Afrique de RFI a reccueilli ses déclarations.

On est en plein dans un procès politique pour atteindre des objectifs politiques.

RDC : réaction PPRD sur le procès Kabila

Florence Morice

Selon Aubin Minaku, le PPRD ne va pas constituer d’avocats, car cela reviendrait à « légitimer la procédure en cours ». 

Des charges retenues très lourdes

Sur l’extrait de rôle qui annonçait le début de ce procès en RDC pour ce vendredi 25 juillet à 09h00, les charges retenues contre l’ancien président Joseph Kabila sont lourdes : participation à un mouvement insurrectionnel, crime contre la paix, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture, déportation et occupation à force ouverte de la ville de Goma.

Des accusations qui avaient déjà, en partie, été dévoilées lors de la procédure de levée des immunités devant le Sénat. Un dossier d’accusation qui s’appuie notamment sur la présence de l’ancien chef de l’État à Goma, ville sous le contrôle des rebelles, mais aussi et surtout sur le témoignage d’Éric Nkumba.

Ce proche de Corneille Nangaa, le chef de l’AFC/M23, est actuellement en prison en RDC. Il a été condamné à mort l’année dernière pour sa participation à la rébellion. Lors de ses auditions, il a, selon la justice militaire, rapporté des propos compromettants qu’aurait eus l’ex-président lors d’une conversation avec Corneille Nangaa. Les deux hommes y auraient évoqué un plan contre le président Félix Tshisekedi.

C’est une continuité de la posture gouvernementale, à savoir « Kabila demeure le maître à penser du M23 donc collusion avec la rébellion, levée d’immunité et mise en place de poursuites »

Ce procès pourrait avoir des conséquences politiques, notamment entraver la perspective d’un dialogue interne, décrypte l’analyste Christian Moleka, coordinateur de la Dynamique des politologues de RDC

Liza Fabbian

C’est l’ouverture d’une procédure inédite contre le prédécesseur de Félix Tshisekedi. Mais comment en est-on arrivé là ?

Tout commence il y a près de deux ans. Joseph Kabila quitte discrètement le pays. Selon Kinshasa, il ne prévient pas les autorités. Ses proches diront plus tard, qu’il a dû partir pour sa sécurité. Peu à peu, ses proches quittent, eux aussi, le pays. Sa femme est la dernière à partir.

Puis, en août 2024, arrivent les premières accusations. En tête, celle de Félix Tshisekedi : le président accuse son prédécesseur d’être à l’origine du mouvement rebelle AFC/M23. Quelques mois plus tard, Kabila rompt le silence. Il suspend ses études à l’étranger, accuse Tshisekedi de dérive dictatoriale, et annonce son retour au pays.

Il choisit l’est de la RDC. Il le dit publiquement. En mai, son entourage affirme qu’il est à Goma. Quelques jours plus tard, il est aperçu en réunion sur place. S’ensuit alors une série de mesures : perquisition dans l’une de ses résidences, levée de son immunité parlementaire, puis lancement de poursuites judiciaires.

Pendant ce temps, Kinshasa négocie avec l’AFC/M23. Une déclaration de principes est signée à Doha. Mais Joseph Kabila, lui, reste exclu de ces discussions.

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