Affaire Joseph Kabila : le PPRD dénonce un « procès de la honte » et accuse le pouvoir de manipulation politique

L'ancien Président, Joseph Kabila, à Goma
L’ancien Président, Joseph Kabila, à Goma

Quelques heures après l’ouverture très attendue du procès de Joseph Kabila devant la Haute cour militaire, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) est sorti de son silence. Le parti de l’ancien Président a vigoureusement réagi à cette procédure judiciaire, qualifiant le procès de « mise en scène ridicule », instrumentalisée, selon lui, pour écarter un opposant politique de premier plan.

Dans une déclaration à la presse, Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD, a rejeté en bloc la légitimité de cette démarche judiciaire : « Pour le PPRD, ce procès n’existe même pas. Et s’il y en a un, c’est un procès politique », a-t-il laissé entendre. Il accuse ouvertement le pouvoir en place d’avoir déjà scellé le sort de Joseph Kabila, évoquant un procès « écrit d’avance » : « L’arrêt le condamnant est déjà signé avec date et numéro, tout est déjà fait, le reste c’est du théâtre », tranche Emmanuel Ramazani Shadary.

Une première audience marquée par l’absence sans surprise du prévenu

La première audience de ce procès historique s’est tenue ce vendredi 25 juillet 2025 à Kinshasa. La Haute cour militaire, après avoir constaté sa saisine, a validé la constitution de la République démocratique du Congo comme partie civile. À la demande des avocats nouvellement constitués, une remise a été accordée afin qu’ils prennent connaissance des pièces du dossier. Le procès a été renvoyé au 31 juillet.

Le ministère public, pour sa part, a demandé à ce que l’ancien chef de l’État soit jugé par défaut, faute de l’avoir trouvé aux adresses connues de Gombe et Kingakati. Joseph Kabila est poursuivi pour de graves accusations, notamment : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, complot, apologie du terrorisme.

La procédure judiciaire a été enclenchée à la suite d’une injonction du ministre de la Justice, suivie d’un réquisitoire adressé au Sénat, lequel a autorisé l’ouverture des poursuites contre l’ancien Président.

« Un procès contre la paix nationale »

Pour le camp Kabila, cette initiative judiciaire tombe à un moment particulièrement délicat pour le pays, en proie à une crise sécuritaire aiguë, notamment dans l’est congolais où les affrontements entre l’armée et les rebelles de l’AFC/M23 se poursuivent malgré les récentes avancées diplomatiques à Doha. Shadary s’interroge : « Le pouvoir ne pourrait-il pas se rendre compte que ce soi-disant procès pourrait diviser les Congolais si l’on y prend garde en ce sens qu’il est en contre-courant avec les accords de principes en chantier ? ».

Selon le PPRD, la cohésion nationale et le dialogue devaient être les priorités du moment. Le procès est, selon lui, « une diversion » qui risque de compromettre les efforts de paix. Le secrétaire permanent du parti ne mâche pas ses mots : « Ce procès du siècle va diluer toute chance de consensus national (…) C’est donc un procès de la honte et de la haine pour la boulimie du pouvoir et la peur d’un adversaire politique qui vous a tout donné. ».

Un affrontement politique sur fond de justice

Si pour ses partisans, Joseph Kabila reste l’un des piliers de la vie politique congolaise, ses détracteurs estiment qu’il doit rendre compte de son rôle présumé dans les crises récentes, en particulier son lien supposé avec les mouvements armés opérant dans l’est du pays. Mais au-delà des considérations judiciaires, ce procès devient un révélateur du clivage profond entre les camps politiques congolais : justice contre impunité pour les uns, règlement de compte contre opposition pour les autres.

Le pays attend désormais la reprise des audiences le 31 juillet, dans un climat politique tendu et sous haute surveillance médiatique. Le procès de l’ancien Président s’annonce comme l’un des plus marquants de l’histoire contemporaine de la RDC, avec des implications juridiques, politiques et symboliques majeures.

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