Ile Maurice: Haut lieu sacré transformé en méga-complexe hôtelier de luxe ?

Cette grande transformation est déjà entamée depuis 2021. Le but est d’attirer des dizaines de millions de visiteurs dès 2028. Le tourisme occupe une place importante dans l’économie de l’Égypte grâce à son patrimoine antique – pyramides, temples, dont celui de Louxor, le Grand musée du Caire, les croisières sur le Nil… soit 12 % de son PIB.

C’est une de ses principales sources de revenus. Le pays entreprend de gros travaux pour transformer un des plus hauts lieux sacrés, le Mont Sinaï, en un méga-complexe hôtelier. La polémique n’a pas arrêté ces travaux. Rappelons que le Mont Sinaï est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et qu’il appartient à l’Égypte.

🔵Les trois religions monothéistes

C’est un des rares lieux sacrés respectés par les trois grandes religions monothéistes (un seul Dieu) : le christianisme, l’islam et le judaïsme. Pour la chrétienté, c’est sur le Mont Sinaï que Moïse a reçu de Dieu les tables de la loi (les dix commandements). Il en va de même selon le Coran sur le Jabal Musu (termes arabes). Ceci fait même l’objet de certains versets. C’est aussi en ce lieu que Dieu a parlé au prophète depuis «le buisson ardent». Dans la plaine d’elRaha, les Israélites, disciples de Moïse, ont attendu ce dernier pour qu’il les guide.


Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn

Au 6e siècle fut édifié le plus ancien monastère chrétien au monde, celui de Sainte-Catherine, géré par l’Église grecque orthodoxe. Jusqu’à présent, c’était un site désertique où vit une communauté bédouine, la tribu Jebeleya, environ 4 000 habitants. Pour visiter les lieux, un guide bédouin est indispensable.

Pour stimuler son industrie touristique, leurs maisons et camps touristiques ont été démolis sans indemnisation. Ils ont même dû sortir les corps de leur cimetière local pour qu’on y aménage un parking. La Grèce a voulu défendre le lieu qu’elle croyait sien puisque s’y trouve le monastère Sainte-Catherine. L’Égypte a eu gain de cause en faisant ressortir que c’était un terrain public. Ce conflit a duré quelques décennies sur ces sites religieux archéologiques. Finalement, les biens du monastère furent saisis et les expropriations s’ensuivirent.

Selon certains, ce fut «un coup dur… une honte». Et ce, sur ce qui est considéré comme un sanctuaire de paix entre chrétiens, musulmans et juifs. Parmi les garanties, le monastère Sainte-Catherine est toujours inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et garde son identité grecque orthodoxe. Garanties assurées par l’Égypte. On y trouve la plus ancienne copie du Nouveau Testament.

🔵Modifications irréversibles

Certains organismes ont relancé la polémique. En 2023, par exemple, World Heritage Watch a écrit et publié une lettre ouverte sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril. A été soulevée la question du monastère abritant des anciens manuscrits chrétiens. L’Égypte a, de son côté, l’intention d’aller de l’avant avec de tels projets dans d’autres régions du pays. Ça a été déjà le cas avec les sites autour de la Mer Rouge, qui accueillent des stations balnéaires. Des milliers de pèlerins sont venus en excursion, ne serait-ce que pendant une seule journée.

🔵Les options

Chacun peut se faire son opinion en fonction de trois scénarios possibles. D’abord, un scénario optimiste. L’Égypte tient toutes ses promesses, ce qui veut dire que toutes les infrastructures se feront en dehors des zones sacrées. Les Bédouins deviendront des partenaires de ces transformations. Le monastère Sainte-Catherine garde son autonomie. Il n’accueillera pas des masses de visiteurs. En résumé, ce sera du tourisme durable en terre sainte. L’idéal, dit-on.

Vient ensuite le scénario réaliste. La construction des grands hôtels de luxe et des routes est très avancée. Ce qui signifie qu’on accueillera beaucoup plus de visiteurs. Les Bédouins seront les perdants. Des problèmes d’environnement comme le bruit des bus seront inévitables. Un développement rapide doit être rentable pour l’Égypte, dont l’économie n’est pas florissante. Dans ce schéma, ce sera une fusion entre modernité et sacralité.

Le dernier scénario représente l’option pessimiste. Pas de contrôle réel, par exemple, sur le transport; une urbanisation anarchique avec des hôtels et des routes un peu n’importe où ; les Bédouins seront expulsés; et l’Unesco risque alors de déclasser le Mont Sinaï dans la liste des sites relevant du patrimoine mondial. Le site sera modernisé sans être profané, mais ce sera alors une rupture avec l’histoire millénaire.

Ces scénarios ont été élaborés à l’aune de ce qui s’est passé ailleurs dans le monde sur des sites sacrés et touristiques tout en essayant de préserver leur authenticité. Les problèmes posés étaient les mêmes – trop de visiteurs sans limitation du nombre, une pression écologique avec le bruit; l’eau qui se fait rare; les habitants marginalisés; la dégradation du site… – un tourisme de masse au détriment d’un tourisme spirituel.

En Grèce, accès réglementé au Mont Athos; en Inde sur le Gange des centres de tourisme international (yoga, méditation) à Rishikesh et Harudwar, mais la pollution du fleuve et les embouteillages posent problème ; à Al’-Ula en Arabie saoudite, tout est bien planifié impliquant population locale et écotourisme ; au Mont Kaja au Japon, tradition monastique préservée et hébergement simple ; la citadelle inca, Machu Picchu au Pérou, est bien préservée, mais les autorités locales ont du mal à gérer l’accumulation des déchets.

La formule magique serait peut-être de moderniser avec modération sans profaner des sites sacrés. Reste le risque de porter atteinte au Mont Sinaï, un des rares lieux où l’on a instauré le dialogue entre les trois grandes religions monothéistes. Encore une fois, à chacun de se faire son opinion après avoir pris connaissance de tous les enjeux.

Fode dres sa papie-la!

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close