Madagascar: à Antananarivo, une foule en liesse célèbre sa «révolution» place du 13-Mai

Au lendemain de l’investiture du colonel Michael Randrianirina comme « président de la refondation », une grande fête populaire avec feu d’artifices, concert et discours des représentants des « forces vives » qui ont pris part à la mobilisation de ces dernières semaines s’est déroulée à Antananarivo, ce samedi 18 octobre.
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Avec notre envoyée spéciale à Antananarivo, Liza Fabbian
C’est un événement rare qui en dit long sur le caractère exceptionnel de la période que traverse Madagascar : à l’occasion d’une grande fête populaire organisée ce samedi 18 octobre, au lendemain de l’investiture du colonel Michael Randrianirina comme « président de la refondation », des feux d’artifices ont été tirés à la tombée de la nuit depuis la très symbolique place du 13-Mai, à Antananarivo.
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Syndicats, société civile, représentants de la Gen Z… tous les représentants des forces vives qui ont pris part à la mobilisation de ces dernières semaines sont évidemment présents, mais aussi des Malgaches de tous âges venus célébrer leur « révolution ». Parmi eux, Sedera est encore tout surpris par la tournure prise par les événements : « On ne s’attendait pas à ça au début : les revendications initiales étaient liées aux coupures d’électricité et au manque d’eau ! Mais les dirigeants ont fait la sourde oreille et la lutte s’est enracinée », constate-t-il avant de reprendre : « Trois ou quatre semaines pour changer de régime, c’est rapide ! Et ce n’est qu’une première étape : cette lutte est nationale, il y a eu des manifestations dans beaucoup de régions du pays ».
Une semaine après le ralliement des militaires du Capsat aux manifestants, Willy veut croire, lui, à la promesse de renouveau que laisse entrevoir la situation actuelle. « Je pense que les hommes du Capsat ont bien planifié leur intervention. Quand ils ont vu comment la situation évoluait, ils ont décidé de prendre leurs responsabilités », commente ce père de famille venu avec sa femme et ses fils de 14 et 17 ans. « Et je ne pense pas que ce soit déjà le moment de se demander si oui ou non le colonel Michael [Randrianirina] répondra aux aspirations populaires : nous devons garder un esprit positif. Je m’aligne sur la position des jeunes : »Qui vivra verra » », ajoute-t-il.
« Il faut se méfier d’un retour de flamme »
Si de nombreux témoins disent apprécier que le colonel Randrianirina soit un fervent chrétien très engagé au sein de l’Église luthérienne de Madagascar, certains comme Philippe, tiennent cependant à rester prudents : « Je suis très content de ce changement qui s’annonce prometteur, mais il ne faut pas oublier que certaines personnes ont des intérêts à protéger. Il faut donc se méfier d’un retour de flamme », tempère-t-il. Une position que partagent également les porte-paroles du mouvement Gen Z qui appellent « les citoyens malgaches à surveiller, documenter et exiger la redevabilité des autorités » et demandent « une place dans les débats et les décisions ».
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Alors que les chants et les discours se succèdent sur la place du 13-Mai, plusieurs parents déclarent être venus avec leurs enfants ou leurs ados pour qu’ils soient témoins de la lutte et leur montrer la réalité du pays. « Aujourd’hui, un avenir meilleur se profile pour la jeunesse, contrairement à ce qu’il se passait avant où, dès leur plus jeune âge, on apprenait aux enfants que pour réussir il leur faudrait quitter le pays », explique ainsi Tatamo qui tient ses tout-petits par la main.
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Dans cette foule intergénérationnelle, les plus âgés se disent quant à eux très fiers des jeunes Malgaches qui se sont mobilisé contre le pouvoir déchu. « Nous, leurs parents, ne pouvons que les encourager à garder cette mentalité de progrès et la conscience des injustices dont ils ont été victimes », confie ainsi Madame Jeanne. « Ils se sont réveillés, c’est vraiment fantastique !, s’enthousiasme pour sa part Charles, 71 ans. Je suis venu ici pour les supporter. D’ailleurs, au cours de leurs manifestations, j’étais toujours présent pour les conseiller, leur dire par exemple comment faire pour affronter les gaz lacrymogènes et les grenades assourdissantes ».
Je suis fier de la jeunesse malgache qui s’est réveillée !
Charles, 71 ans, manifestant



