Centrafrique: Deux anciens rebelles condamnés par la CPI

Les anciens rebelles anti-Balaka, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom sont reconnus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Une première.

Les anciens rebelles centrafricains anti-Balaka, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom, ont été reconnus coupables, ce jeudi (24.07), de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale.

Les juges les ont condamnés, respectivement, à 12 ans et 15 ans de réclusion. Ce verdict a provoqué des réactions différentes à Bangui, la capitale de la Centrafrique, selon qu’il s’est agi de victimes ou de proches des deux criminels.

Des victimes suivent le verdict en direct à Bangui

C’est dans la salle de délibération de la Cour pénale spéciale à Bangui que les victimes, mais aussi les parents des accusés et les défenseurs des droits de l’Homme, ont suivi, en direct de La Haye, l’exposé des accusations, puis le verdict de la Cour pénale internationale.

Patrice-Edouard Ngaïssona, l’ancien dirigeant de la milice anti-Balaka, et Alfred Yekatom, qui commandait un groupe de 3 000 hommes au sein des anti-Balaka, ont tous deux été reconnus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Parmi les victimes, Malik Karomschi se félicite du travail de la justice. Pour lui, « 15 ans, 12 ans, ce qui est très important, c’est que la justice a été rendue et on est satisfait de cette justice. Au lieu de les faire libérer, ils ont été condamnés pour leurs actes ».

Pour Aicha Baba, dont le fils a été tué par les rebelles anti-Balaka, alors qu’elle-même a été violée, les peines sont trop légères. « C’est bien dommage, car si on observe les dégâts et les crimes commis sur le terrain par Yekatom, ce n’est pas une peine de 15 ans qu’il mérite », estime-t-elle.

Plusieurs années de procédure

Les faits jugés concernent des exactions commises en République centrafricaine entre décembre 2013 et décembre 2014.

Alfred Yekatom avait été remis à la CPI en novembre 2018. Patrice-Édouard Ngaïssona, lui avait été arrêté en France en décembre de la même année, puis transféré à La Haye en janvier 2019. Leur procès s’était ouvert en février 2021, avec des dizaines de témoins appelés à la barre. Les deux accusés étaient restés en détention depuis le début de la procédure.

Réagissant au verdict, parmi les personnalités politiques, Samson Ngaïbona, un proche de Patrice-Edouard Ngaïssona, déplore le contenu de ce jugement et croit à l’appel qui sera fait par les avocats.

Il « rejette en bloc cette décision parce que si nous voyons ce qui s’est passé dans ce pays, on ne peut pas condamner ce monsieur à 12 ans. Nous avons vécu ce que la Séléka a fait dans ce pays. Les avocats vont faire appel et nous verrons ce qui va advenir ».

Les défenseurs des droits humains satisfaits

Les défenseurs des droits de l’Homme saluent la décision, mais ils appellent aussi la CPI à rechercher les accusés qui sont encore en liberté.

Maître Bruna Hyacinthe Gbiegbia, avocat et membre de la coalition en faveur de la justice internationale, observe que « cette décision va renforcer les victimes et aussi nous, les défenseurs des droits humains, et nous continuons à demander à la CPI de ne pas rendre une justice à double vitesse. Parce qu’effectivement, il reste d’autres responsables qui courent encore ».

C’est la première décision forte de la CPI condamnant des personnes impliquées dans le conflit communautaire qui a ensanglanté le pays, entre 2013-2014, faisant plusieurs milliers de morts.

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