Sénégal : comment Macky Sall a compris les nouveaux enjeux politiques

L’ancien président sénégalais Macky Sall réforme actuellement son parti. Une révolution qui va dans le bon sens. Explications.

L’ancien président sénégalais Macky Sall réforme actuellement son parti. Une révolution qui va dans le bon sens. Explications.

En janvier dernier, RFI soulignait la volonté de « Macky Sall, tout comme l’Alliance pour la République (APR) qu’il préside, de regarder vers l’avant », malgré le départ de l’ex-président sénégalais. Des cadres du parti indiquaient alors à la radio internationale qu’il s’agissait de « la fin d’un cycle » et qu’il était  « nécessaire de réfléchir à de nouveaux objectifs ». Sept mois plus tard, le message semble avoir été entendu par Macky Sall qui, s’il avait indiqué vouloir prendre du recul, est aujourd’hui bien décidé à faire de l’APR un parti d’opposition qui compte. Ce jeudi, l’ancien chef de l’Etat a opéré plusieurs nominations qui doivent permettre de réorganiser l’APR, en vue des prochaines échéances électorales mais aussi dans le but de peser sur le débat public.

« Macky Sall est un professionnel de la politique, résume un spécialiste de la politique sénégalaise. Il se rend compte des difficultés à la tête de l’Etat et sait très bien que si Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko ne tiennent pas leurs promesses, l’APR pourra peser ». Surtout, les dernières tensions entre le président et son Premier ministre montrent la fragilité du mouvement Pastef, où Ousmane Sonko ne fait plus l’unanimité. Mais pour que l’Alliance pour la République, il a fallu opérer un véritable changement. Et cela passe par une petite révolution au sein du parti : Macky Sall a décidé de mettre les jeunes en avant. « Il a compris les enjeux et la volonté des Sénégalais d’assister à un renouvellement de la classe politique », poursuit notre spécialiste.

Macky Sall a compris les enjeux

La refonte de l’APR n’est d’ailleurs pas passée inaperçue. « Le président Macky Sall a compris que ce sont les jeunes qui peuvent faire face à Pastef », affirme l’avocat Sidiki Kaba. Du côté de l’influent analyste Mandiaye Diallo, qui appelait à la fin de l’APR, on se se surprend à féliciter Macky Sall qui « a l’air de comprendre l’enjeu ». L’influenceur rappelle le fait que près de 75 % des Sénégalais ont moins de 35 ans et que l’âge moyen est de 25 ans. « Dans ce contexte, un parti politique ne peut plus se permettre de mettre en avant des figures politiques déconnectées de cette jeunesse, que ce soit par l’âge ou par les références culturelles », écrit-il. Les derniers scrutins en sont la preuve : « Ce ne sont pas les messages de Sonko qui ont fait gagner les Pastef mais bien la volonté de la jeunesse sénégalaise de voir de nouveaux visages à la tête de l’Etat », résume un journaliste sénégalais.

Les nominations au sein de l’APR sont un mini-événement. Mais qui reflète surtout la stratégie du président Macky Sall, qui a augmenté sa présence sur les réseaux sociaux ces derniers mois. « Les partis politiques qui n’intègrent pas cette révolution numérique sont condamnés à disparaître », résume Mandiaye Diallo, pour qui « le président actuel a été élu grâce aux réseaux sociaux ». « Seuls des visages jeunes, nouveaux, familiers de ces outils, pourront porter une stratégie politique efficace. Les dinosaures politiques ne sont plus en capacité de suivre le rythme », conclut l’analyste politique qui en est certain : la stratégie de Macky Sall permettra de montrer que « l’incompétence est aujourd’hui du côté adverse » et que, si l’APR s’y prend bien et « valorise intelligemment les réalisations de Macky Sall, alors un basculement devient envisageable ».

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