Hommage à Fela Kuti: un concert pour réconcilier les Ivoiriens avec le jazz

En Côte d’Ivoire, l’association Abijazz a organisé un concert hommage au saxophoniste nigérian Fela Kuti à l’Institut français d’Abidjan. L’événement visait à rapprocher la population ivoirienne du jazz, souvent perçu comme une musique élitiste et difficile d’accès. Reportage.

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Avec notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin,

Quelle meilleure introduction au jazz que l’afrobeat ? Ce genre musical, né de la fusion du highlife ghanéen, des rythmes nigérians et du jazz américain, a été mis à l’honneur avec deux sets de reprises des œuvres de son concepteur Fela Kuti. Ce concert avait pour but de rendre hommage non seulement à ses compositions géniales, mais aussi à ses textes engagés contre la corruption et le néocolonialisme.

Antoine Tako, président d’Abijazz, estime que ce retour aux sources est indispensable : « Fela est une icône pour nous. Cette extraordinaire mixité, sa philosophie et puis son message… Le jazz a été d’abord l’expression des noirs qui souffraient donc il est temps de nous réapproprier nos valeurs. »

Un concert à succès et accessible à tous

Le pari était risqué, mais il a été gagnant. La salle était comble et les spectateurs enthousiastes. « Franchement, j’ai adoré, s’exclame Ami Korobara, venue pour la première fois à un concert de jazz. À la base, je ne suis pas une fan de jazz. Mais là, ce soir, ça a été une surprise et j’ai été conquise. C’est une musique que je vais désormais écouter. Je me demande pourquoi je ne l’ai pas découverte plus tôt. »

Pour les amateurs de jazz, des rendez-vous mensuels sont prévus autour de thèmes revisités par des musiciens invités. « On a toujours eu de très bons musiciens à Abidjan, se félicite Assohoun, saxophoniste ivoirien. Et c’est pour ça qu’Abijazz a un rôle fondamental à jouer. Ils offrent un espace comme celui qui nous accueille ce soir pour que les musiciens puissent s’exprimer. »

Pour rendre ces concerts accessibles à tous, Abijazz maintient les tickets d’entrée à un prix modéré : 5 000 francs CFA en tarif plein et 3 000 francs CFA en tarif réduit. Cette initiative vise à faire découvrir le jazz même aux plus jeunes, démocratisant ainsi l’accès à cette musique riche et diversifiée.

Démocratiser le jazz, c’est aussi l’ambition de David Tayorault.

Interview de David Tayorault

Démocratiser le jazz, c’est aussi l’ambition du musicien, chanteur et arrangeur à succès David Tayorault. Connu pour de nombreux hits de zoulou et de coupé-décalé, il est aussi passionné de jazz, qu’il pratique au sein de plusieurs formations. Il milite pour étendre les espaces de diffusion.

Depuis quelques années, les fans de ce genre musical ont commencé à se réveiller et à créer des concepts pour que le jazz revienne dans la mémoire collective et dans les habitudes des gens. Parce qu’en Afrique, les gens pensent que le jazz, c’est pour les riches. […] J’ai fait une prestation à Treichville où on a essayé de faire du jazz dans la rue. La spécialité ce jour là, c’était de faire des reprises de grands classiques de la musique ivoirienne réarrangés en jazz. Et les gens ont beaucoup aimé. Une année, on a même fait du jazz dans un maquis à Marcory. Et les gens ont apprécié.

Donc ça veut dire que le jazz, c’est une musique qui peut se jouer n’importe où. Ce n’est pas seulement pour une certaine élite. C’est une musique qui parle à tout le monde. Tant qu’ils ne l’auront pas affrontée, on ne pourra pas savoir si cela va leur plaire. Mais il faut que les gens soient mis en situation réelle. Il faut prendre le risque de leur faire écouter ça.

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