Mali: les jihadistes du Jnim enlèvent deux journalistes de l’ORTM

Au Mali, deux journalistes de l’ORTM, la télévision d’État, ont été enlevés mardi 14 octobre, dans l’après après-midi, près de Konna, dans la région de Mopti, au centre du pays. Cet enlèvement n’a pas été revendiqué, mais les jihadistes du Jnim, liés à Al-Qaïda, sont très actifs dans la zone et kidnappent régulièrement des hommes qu’ils considèrent comme des représentants de l’État malien.

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Daouda Koné venait d’être nommé directeur de l’ORTM à Douentza, en juillet dernier. Lui et son cameraman, Salif Sangaré, circulaient dans un minibus de transport en commun entre Sévaré et Konna, lorsque, vers 14 heures, les jihadistes ont arrêté leur véhicule. Les autres passagers ont été relâchés et les deux journalistes, pris en otage, emmenés vers une destination inconnue.

« Des cibles partout »

Ni la direction de l’ORTM, ni la Maison de la presse du Mali, sollicitées par RFI, n’ont souhaité réagir à ce stade, afin de ne pas compromettre d’éventuelles démarches pour leur libération. « Nous sommes des cibles partout », se désole un cadre d’une association malienne de journalistes.

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Nombreux précédents

Depuis 2020, cinq journalistes maliens avaient déjà été enlevés par des groupes armés, pour la plupart liés aux jihadistes du Jnim mais aussi aux chasseurs traditionnels dozos.

Saleck Ag Jiddou et Moustapha Koné, de Radio Coton Ansongo, enlevés en 2023, Sory Koné de la radio Souba de Ségou et Moussa M’Bana Dicko de la radio Dande Haïré, enlevés en 2021 et Hamadoun Nialibouly, de la radio Dandé Douentza enlevé en 2020, n’ont jamais reparu depuis. Les proches d’Hamadoun Nialibouly, enlevé quant à lui par des chasseurs traditionnels dozos, le tiennent malheureusement pour mort.

Abdoul Aziz Djibrilla, journaliste malien à Radio Naata, a quant à lui été tué en 2023 dans l’attaque au cours de laquelle les deux journalistes de Radio Coton Ansongo ont été enlevés.

Le journaliste français Olivier Dubois, enlevé en 2021, a passé deux ans en captivité avant d’être libéré par le Jnim en 2023. En 2013, nos collègues de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon avaient été assassinés à Kidal par Al-Qaïda au Maghreb islamique.

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Outre les journalistes, plusieurs dizaines de militaires, agents territoriaux de l’État, professeurs ou habitants de villages refusant de conclure des accords locaux avec le Jnim, sont également retenus en otage.

Suspension ou procédures judiciaires

Les journalistes maliens ne subissent pas seulement la menace jihadiste : les autorités de transition, issues du coup d’État militaire de 2020, interdisent toute expression jugée trop critique, sous peine de suspension ou de procédure judiciaire. Les journalistes maliens s’astreignent donc à l’auto-censure, sur les sujets concernant la conduite de l’État ou l’armée notamment.

Ces atteintes aux libertés de la presse et d’expression ont maintes fois été dénoncées par les organisations de défense des droits humains (Amnesty, FIDH…) ou de journalistes (RSF).

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