Madagascar: Gaz lacrymogènes et arrestations au pays
Plus d’un millier de personnes ont encore manifesté ce jeudi à Antananarivo pour protester contre le pouvoir. Les rassemblements ont été dispersés par la force.
Alors que la contestation semblait quelque peu s’essouffler à Madagascar, au moins un millier de personnes ont encore manifesté ce jeudi (09.10) dans la capitale Antananarivo pour protester contre le pouvoir en place.
La nomination cette semaine d’un nouveau Premier ministre, un général de l’armée, n’a pas calmé la colère du mouvement Gen Z, porté par la jeunesse, qui réclame des services de base, comme l’eau et l’électricité sans coupures intempestives, mais aussi le départ du chef de l’Etat Andry Rajoelina. La Gen Z a ainsi appelé à la grève générale.
De profondes inégalités
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Voilà deux semaines que dure la contestation. L’ambiance est tendue, aujourd’hui une manifestation a été dispersée par la police avec des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Certains protestataires sont équipés de masques à gaz et de plongée pour se protéger des forces de l’ordre. Le mouvement semblait s’essouffler ces derniers jours malgré des rassemblements quasi quotidiens dans Antananarivo, comme dans les autres grandes villes du pays.
Selon une note de la Banque mondiale datée de février, la croissance économique qu’a connue le pays en 2024 « ne suffit pas à améliorer de manière significative le niveau de vie, et le taux de pauvreté reste supérieur à celui des pays voisins et des standards internationaux ».
Ainsi, les inégalités persistent, pendant que le coût de la vie augmente. « Avant, je pouvais partir en vacances en France, mais maintenant, je ne peux même plus aller à Sainte-Marie », une île touristique au large de Madagascar. C’est ce qu’explique Augustine Razafistoa, une restauratrice de 65 ans à Antananarivo.
Le spectre d’une « dérive militaire »
Augustine explique que son entreprise est au bord de la faillite : « Nous allons devoir fermer le restaurant car il n’y a plus de clients, on ne peut plus stocker de marchandises et il n’y a plus d’argent. Je soutiens la manifestation parce que je suis une victime ».
Un mouvement de protestation qui craint désormais « une dérive militaire dans la gouvernance du pays, plutôt qu’une recherche d’apaisement et d’arrêt des répressions », comme le formulent plus de 200 organisations de la société civile malgache. Et si les manifestants arrêtés étaient auparavant libérés sans charge, désormais plusieurs dizaines s’entre eux ont été présentés à la justice.
Depuis la nomination d’un militaire au poste de chef du gouvernement, les premières nominations ont été annoncées, pour les portefeuilles de la Défense, de la Sécurité publique et de la Gendarmerie. Le Premier ministre estime que le pays, selon ses mots, « n’a plus besoin de perturbations mais de paix ».



